Un surcroit d’occupations m’a tenu éloigné de ce blog. J’espère que vous voudrez bien m’en excuser. Cet abandon n’était que momentané et, si je souhaite avoir moins d’occasions de m’indigner, je suis bien résolu à poursuivre mes commentaires. En voici un, parmi les derniers que je consacrerai à cette majorité en passe de quitter le pouvoir.
Il y a une quinzaine de jours, j’avais rapporté l’attitude à mon avis injustifiée d’un président de bureau interdisant avec brutalité la prise d’une photo lors d’un vote. Ceci illustre combien il peut être condamnable de conférer une autorité à qui en est indigne. Avant-hier, confiant pendant deux heures mon poste d’assesseur à mon remplaçant, j’ai pu voir à la télévision notre président accomplir son devoir électoral. Son enveloppe glissée dans l’urne, j’ai entendu l’assistance scander bruyamment : « Sarkozy, président ! »
Ces zélateurs avaient-ils oublié que, depuis le vendredi soir à minuit, toute manifestation ostensible d'opinion lors du déroulement d’un scrutin contrevient au principe du secret du suffrage énoncé par l'article 3 de la Constitution, rappelé par l'article L. 59 du code électoral et réprimé par son article L. 113 : « quiconque, dans un bureau de vote […] avant, pendant ou après un scrutin, aura, par inobservation volontaire de la loi […] violé ou tenté de violer le secret du vote, porté atteinte ou tenté de porter atteinte à sa sincérité, […] sera puni d'une amende de 15 000 € et d'un emprisonnement d'un an ou de l'une de ces deux peines seulement » ? En l’occurrence, le président de ce bureau de vote auguste aurait dû, au minimum, rappeler à l’ordre les contrevenants, les faire expulser en cas de poursuite de cette manifestation et, pourquoi pas, s’en remettre à un juge pour une éventuelle annulation des résultats du bureau en cause.
Si je n’ai pas remarqué de manifestation semblable dans le reportage consacré au vote de François Hollande, j’ai lu par contre dans Le Monde daté du 8 mai l’intertitre suivant : « " François président ! ", s’enflamme une dame au bureau de la Mairie. " Chut " tempère l’intéressé ». Nicolas Sarkozy, lui, n’avait pas réagi devant cette violation du secret du vote.
C’était sans doute dû à son manque d’expérience !