Il y a quelques mois, apparaissait sur la toile un sympathique morceau pop, plutôt agréable, qui annonçait un très beau printemps, plein de ces petits groupes dont on raffole. Ceux qu’on aime écouter allongés dans l’herbe en bronzant. Ce morceau, il s’appelait « Troubleman » et était signé d’un duo dont on allait pas tarder à découvrir l’histoire : Electric Guest. A sa sortie IRL, on l’avait même diffusé sur notre page Facebook.
Un son entre The Shins et Broken Bells
Un duo (californien, of course) qui s’est formé un peu par hasard et qui s’est découvert une vraie affinité musicale. « Troubleman » dure presque neuf minutes, ce qui est rare (et appréciable) pour un morceau purement pop : pendant ces neuf minutes, le groupe a le temps de déstructurer le rythme de la chanson : il s’amuse, crée et recrée, parfois il surprend même. Ce n’est certainement pas le morceau le plus inventif de l’année, mais il semble être annonciateur d’un bel album, entre The Shins et son miroir hip-hop Broken Bells. En même temps que « Troubleman », on découvre « American Daydream », un peu plus calibré mais pas dénué d’intérêt.
« J’oublie Electric Guest, puis au hasard… »
J’oublie un peu le groupe, retombe dessus régulièrement au gré de playlists qui fleurent bon le soleil, puis sort premier album, Mondo. Et là, catastrophe. Tout ce qui semblait prometteur dans ce groupe s’est évaporé. L’album s’ouvre sur l’insipide « Holes« , qui évoque un Metronomy des débuts tandis que le chant se veut presque crooner. C’est une espèce d’horreur, un son qui devrait être banni de tous les iPods de l’humanité.
Vient alors « This Head I Hold », le nouveau single : pas mieux, la chanson pète plus haut que son cool (ça sonne bien comme expression, non ?), se voudrait hymne d’une jeunesse insouciante, mais avec ses paroles qui touchent le fond
« Sit back, don’t think, get high, take a drink«
Elle n’arriverait à être la chanson préférée que d’un malentendant qui aurait perdu toute notion de goût en 1973. Malheureusement, tout l’album est du même acabit :
- la frénético-chiante « Waves », d’une débilité sans fin;
- « Awake », qui appelle une belle ligne de basse dans l’espoir de réveiller notre intérêt, pourtant disparu depuis longtemps;
- l’insupportable « The Bait », qui tend vers la chanson de stade;
- « Under The Gun ou Amber », qui se voudrait épuré mais dont la seule chose qui reste est la bêtise et l’absence totale de rythme, de goût, ou d’un intérêt quelconque.
Reste une fin d’album riche des deux réussites qui nous avaient déjà fait découvrir le groupe : « Troubleman » et « American Daydream ». Dommage, ce moment agréable est gâché par un morceau faible qui clôt l’album « Control ».
Arnaque de l’année ?
Alors, Electric Guest, plus grosse arnaque de l’année ? Ceux qui y voyaient le renouveau de la pop (comme si la pop avait forcément besoin de renouvellement pour être célébrée) tombent des nues. Electric Guest signe avec Mondo un album creux et mal rythmé, dans un soucis d’une meilleure commercialisation. Car impossible de penser que le succès puisse récompenser cet album qui a le cul posé entre la chaise de l’indie et le canapé du mainstream, avec un accoudoir de « non-goût » sévèrement coincé quelque part.
On regrette l’attrait des deux premiers morceaux diffusés sur la toile.