"L'art contemporain, il faut que ça choque, qu'on prenne une gifle", confie Paul Silve, artiste plasticien d'origine marseilleise et fondateur du MRAC à Avignon. L'initiative de créer dans son théâtre Notre-Dame du XVIe siècle un Musée Rigolo d'Art Contemporain, vient d'un constat simple : la discipline est souvent perçue comme "trop triste", "trop confidencielle" par le visiteur non averti. Qui n'est jamais resté perplexe face à une oeuvre contemporaine, incompréhensible, inexpliquée ? Pourquoi pour Magritte une bougie est un plafond ; un chapeau, la neige ou l'orage, un verre d'eau ? C'est donc avec une bonne dose d'humour et de provocation que Paul Silve souhaite réconcilier l'art contemporain et son public.
Cette difficile entreprise débute déjà par une autre vision de l'institution muséale. Dans son récent interview, la journaliste Maud Fontanel indique : "L'entrée du MRAC commence dans la rue, une toute petite ruelle du centre de la ville. Aux abords du théâtre Notre-Dame, édifice religieux du XIVème siècle, un post-it géant, des vélos d’appartement et des graffitis nous accueillent… En passant la porte, non seulement vous ne payez pas, mais en plus, l’artiste vous donne une pièce : « pourquoi pas ? Le musée appartient à tout le monde, il doit être gratuit et donner un centime à chaque visiteur permet de prouver qu’on peut le faire » nous explique Paul Silve." Pour le plasticien, la création contemporaine doit être gratuite.
C'est ensuite toute une série d'oeuvres du plasticien qui se déroule aux yeux des visiteurs. Première escale : Le jardin marseillais, vous l'aurez peut-être compris le principe du jardin japonais revisité. L'artiste s'amuse : " Là, j’ai remplacé les objets par des boules de pétanque aux couleurs de l’OM, le château de sable représentante la Bonne Mère et à la place de la Vierge, j’ai mis une cagole avec un pistolet…Je voulais une kalachnikov mais je n’ai pas trouvé !" *
C'est donc apparemment un art aux clés de lecture plus accessibles que revendique l'artiste. Mais l'oeuvre est-elle compréhensible par le commun des mortels sans la médiation humaine de l'artiste ?
A chacun d'en faire l'expérience pour l'affirmer. L'exposition est visible jusqu'au 26 mai et sera ensuite réagencée par l'artiste pour la saison estivale où il y a fort à parier, que l'installation du plasticien inspirée de L'origine du monde de Gustave Courbet aura une place de choix, visible depuis l'entrée, dixit Paul Silve...
Pour aller plus loin :
* Propos recueillis par Maud Fontanel pour mlactu.fr