Voilà, c’est bon : le monde politique français se remet gentiment de ses petites émotions présidentielles et nous prépare un beau quinquennat tout neuf avec de la République câline, moins bling-bling et plus flan-flan. Cependant, en attendant que le paradis sur terre soit officiellement proclamé, le résultat de l’élection ne change rien à la situation économique du pays, situation qui laisse penser que pour sauver son patrimoine, miser sur quelques valeurs sûres en cas de coup dur n’est pas une mauvaise idée…
J’en ai déjà parlé à quelques reprises sur ce blog (et récemment dans ce billet-ci), mais les récentes évolutions — non non, pas politique, mais bien économiques — m’incitent à penser que la tendance ne s’est toujours pas inversée.
Je pourrais ici noter quelques éléments assez précis sur la situation purement française, comme par exemple les inquiétantes augmentations du nombre de salaires impayés, augmentations logiques au vu de la contraction de l’économie qui montrent assez clairement que le changement, c’est parfois pour le meilleur, mais parfois aussi pour le pire.
Cependant, ce qui est vrai en France l’est aussi dans l’Europe et dans une bonne partie du monde occidental, dans les économies qu’on appelle encore pour le moment « émergées ». Et pour cela, il suffit de jeter un œil à cet indicateur assez intéressant produit par Citi, le Surprise Index, qui mesure en temps quasi-réel l’écart des prédictions économiques faites avec les chiffres constatés. Lorsque l’index est positif, cela veut dire que les indicateurs économiques observés font mieux que ce qui avait été prévu, et lorsque l’index est négatif, évidemment, cela veut dire le contraire.
Logiquement, dans un monde parfait dans lequel l’information circulerait librement, l’index serait relativement plat, oscillant autour du zéro, si l’on imagine que les indicateurs économiques seraient assez facilement prévisibles. En pratique, on peut tout de même s’attendre à des oscillations autour du zéro lorsque la situation est relativement stable. Pour le moment, sur le mois passé, on obtient les petits graphiques suivants :
L’index pour les États-Unis
L’index pour le G10
L’index pour l’Europe
La conclusion semble évidente : c’est booming, la situation est franchement bonne ET en plus, elle s’améliore.
Quelque part, on comprendra ici que les souhaits de bonne chance de Sarkozy à son concurrent le soir du 6 mai ne sont pas purement rhétoriques. Le petit flan va en avoir besoin pour éviter de perdre tout son caramel dans les prochaines semaines, surtout que manifestement, la Chancelière allemande a clairement expliqué que pour la renégociation du pacte de stabilité, ce serait un Nein ferme et définitif fest und endgültig. La réalité, c’est maintenant, et elle n’est pas franchement sexy.
Et n’en déplaise à toute une frange de population baignée de la certitude qu’avec un nouveau président, le soleil, la chaleur, les fruits mûrs, le miel et le lait vont arriver en masse, cette réalité est connue d’un certain nombre de personnes qui ont compris depuis un moment qu’on ne pourrait rien attendre de bon de nos dirigeants. Ces personnes (des anonymes ou des personnes un peu connues des milieux financiers, des quidams sans grande fortune ou, au contraire, de riches investisseurs) se placent, toutes, calmement et discrètement, sur le marché en abandonnant progressivement les éléments les plus risqués (en monnaie, en bons du trésor, en actions d’entreprises bancaires, par exemple) pour s’installer durablement dans les métaux précieux.
Le nouveau président, bien évidemment, n’est absolument pas au courant de cette tendance de fond, et n’en a cure : il a décroché la timbale, et comme beaucoup avant lui (à commencer par Sarkozy), une fois le pouvoir obtenu, il sera bien en peine de savoir quoi en faire.
Pourtant, tout indique qu’on va droit vers une situation désagréable : d’un côté, une déflation marquée lorsque les Français, tétanisés par l’ampleur de la crise, refuseront de consommer. Cela a déjà commencé, il n’y a pour le moment aucune raison que cela s’arrête. De l’autre, une dévaluation des monnaies, qui prendra probablement autant de temps qu’il le faudra pour que les masses de liquidités et les milliards de papiers pourris des banques redescendent dans l’économie courante (via les prêts aux entreprises, à la consommation, dans l’immobilier) ; pour le moment, cela se traduit déjà par un renchérissement des matières premières, d’autant accru des tensions avec l’Iran qui a, comme par hasard, accepté pour son pétrole le paiement direct en or.
On peut tortiller les faits comme on veut, on peut s’enfiler du flan à s’en péter la tuyauterie, la réalité ne changera pas : il n’y a que deux façons de sortir de la crise de la dette.
La première, c’est la fameuse rigueur et, conséquemment, le remboursement des dettes. Autrement dit : un budget équilibré, c’est maintenant. Et pas dans cinq ans, hein. Il est déjà trop tard pour ne pas se prendre les wagons de pognon gratuit imprimé les trois dernières années en pleine tête, mais il est encore temps de ne pas y ajouter quelques trains entiers.
La seconde, c’est l’avenue royale du politicien, à savoir la promesse non tenue, le papier sans collatéral ou le Flanby sans caramel : on imprime tout ce qu’on peut, on achète du temps avec des écritures comptables et on noie les créanciers dans des pipeaux en papier richement décoré. Evidemment, ça ne résout pas le problème. Ça l’aggrave, même, et il n’y a guère que les socialistes comme Hollande ou Krugman pour y croire encore.
Pas étonnant, lorsqu’on rappelle cette alternative, que certains voient déjà se profiler le retour à un étalon or pour sortir la société des décombres fumants de la politique keynésienne et redistributrice. Et si le retour à l’étalon-or n’est pas une panacée aux problèmes économiques qui secouent le monde actuellement (et loin s’en faut), il constituerait cependant une solution crédible et séduisante pour éviter la catastrophe monétaire qui nous pend au bout du museau.