L’art de la synthèse sera bien utile à François Hollande sur le terrain européen. L’axe Paris-Berlin et la mainmise des conservateurs sur l’Union Européenne ont créé de vives tensions avec les petits états contraints de se mettre au pas du directoire franco-allemand. François Hollande est aujourd’hui le seul leader de poids du continent à s’opposer à une austérité injuste, fruit du dogmatisme libéral de l’UE.
La réorientation européenne, n’est pas seulement un souhait pour le nouveau président français, elle est l’une des clés de la réussite de son quinquennat. Il ne s’agit pas comme on peut le lire ici ou là d’imposer un volet croissance au traité européen de discipline budgétaire mais, dans le style en rondeur du nouveau président, de trouver un compromis. La différence est notoire, la bonne entente franco-allemande essentielle. Rendez-vous est déjà pris entre les deux chefs d’Etat le 16 mai, soit le lendemain de la prise de fonctions de François Hollande.
L'Allemagne droite dans ses bottes ne veut pas d'une croissance par des déficits, mais d’une croissance issue de réformes structurelles. De son côté, la France devrait proposer une approche de type Roosevelt à la crise actuelle avec la réalisation d’infrastructures financées directement par l’Union européenne. Les deux ne sont pas incompatibles.
A l’agitation névrotique inquiétante de Nicolas Sarkozy, François Hollande déjà surnommé « l’homme tranquille » par la presse anglo-saxonne, devrait par son calme et sa bonne éducation rassurer la chancelière allemande. Il appartiendra au socialiste de convaincre en pariant sur l’intelligence de nos partenaires outre-Rhin. L’enjeu sera alors simple. Un petit pas pour la Chancelière, un grand pas pour l’Europe et pour la France.