Fifties en 2012

Publié le 08 mai 2012 par Gentlemanw

Sortir d'un séminaire, coincé dans une salle sans fenêtre à Monaco, dans un de ces hôtels cinq étoiles, où la moquette avale les conversations. Trois jours, des heures de réunions, de présentations commerciales, économiques sur l'importance du business, sur la concurrence, sans voir la mer si proche. Alors soudain, un pose sans cigarette, juste un jus d'orange frais, une rondelle de fraise, et la vue, toute bleue, avec un point féminin au milieu.

FIFTIES, au premier sentiment, un voyage dans le temps, après ce trou noir dans les sous-sols de ces salles de briefing, j'avais dû glisser entre les décennies. Elle jouait de son équilibre, de son sac, de sa situation, attendant un homme, des bras pour la sauver, juste pour rire.

Je suis retourné voir mes diapositives, dans le noir, avec cette voix monotone.

Le lendemain, l'après-midi peut-être, elle marchait sur les galets.

Elle me surprenait de ne rien avoir à faire, dans une mélancolie étrange face à ce ciel si bleu. Elle prenait son thé, elle était cette sirène toujours fifties. Etais je le seul à la voir, à attendre mes poses pour elle, pour quelques minutes sur sa mode, sur son allure.

Un jour je l'ai vu, sur ce siège rouge, attentive, derrière sa vitre, souriante avec ses lèvres écarlates, si belle, si figée. Je suis passé, allant vers ma chambre d'hôtel, las de mes heures de brainstorming, de répétitions de messages. Un mirage peut-être ?

Le dernier jour, l'heure de partir, serein, libéré de tout ce travail, drogué de belles paroles, soldat commercial au service de sa majesté financière. Je cherchais mon taxi pour l'aéroport, fidèle à mes habitudes, pour ces déplacements, je n'avais vu que les valises, les halls d'hôtel, parfois le lounge, le taxi, les salles et le restaurant, rien de plus.

J'avais rêvé d'elle, en style glamour, si néo-rétro dans notre époque. 

Tiens elle était là encore, sur cette terrasse, près des fleurs, donnant sur la mer bleue. Elle avait cette juep crayon, une taille de guêpe, un sac, et un téléphone portable, sirène des FIFTIES, soudainement vraie, soudainement redevenue actuelle.

NYLONEMENT

Modèle : SASHA MELNYCHUK

Photographes : ANDONI & ARANTXA

Styliste : Ellen MIRCK

Coiffure : Loris ROCCHI

Maquillage : Claudia MARCHETTI

pour la magazine ELEGANCE NETHERLANDS