“Oui. On est bordéliques, bigarrés, gueulards, métèques, païens, fornicards, fêtards, célestes, comédiens, on vous emmerde ! #laGauche” @ZaraA sur Twitter
Il ne s’est rien passé. Ou si peu. Au lendemain de la victoire du progrès, c’est comme cela que l’on aime se qualifier à gauche, les inepties du débat public reprennent leur inexorable route vers l’impasse.
Au contraire. Comme une pression supplémentaire, au lieu d’une bouffée d’oxygène, ce qui reste du débat identitaire se retrouve exacerbé au sein même de la victoire. De la victoire d’un bord qui quoi que l’on en pense garde encore même maigrement cette parcelle d’universalisme qui fait que certaines valeurs “françaises”émergent encore du brouet nationaliste déversé ces derniers temps.
C’est loin des sourires et des clameurs, des boubous et des yallah que la France identitaire s’est conformée au comptage des fanions hostiles. Plus que les odeurs de graisses, des gaz d’échappement, et de l’alcool, c’est par la médiation des animateurs-journalistes en plasma que la France identitaire et patriote s’est fait une idée précise de son pays. Le pays réel dit-on. Assis sur un canapé en sky brun.
Le 6 mai beaucoup n’ont pas voté à gauche. Mais pour la mémoire de la gauche. De ses valeurs passées. Dont il ne reste plus qu’une faible rémanence. Un dernier carré de valeurs qui n’est pas encore passé au rinçage nationaliste. Dorénavant on trouvera toujours un type sérieux avec pignon sur rue pour compter minutieusement, les noirs, les blancs, les filles saoules au sein des foules débauchées. Et de ce magma bariolé, on discernera comme la preuve d’une hostilité les couleurs des drapeaux de cette armée ennemie qui occupe, dit-on désormais, la terre de France.
Vogelsong – 7 mai 2012 – Paris