Refusant de toutes ses forces le statut de victime, Danielle Michel-Chich s'adresse plus de cinquante ans plus tard à celle qui a posé la bombe dans le Milk-Bar d'Alger où elle a perdu sa grand-mère et sa jambe. Elle fait le récit de sa propre vie, militante féministe, toujours du côté de l'anticolonalisme et de la liberté des peuples. Dans cette sorte de bilan qui lui demande lucidité et lui provoque des larmes inattendues, elle sait que sa vie n'aurait pas été la même sans cet attentat qui a radicalement changé le cours de son enfance. Elle avait cinq ans. Elle en a soixante quand elle écrit cette lettre à la femme qui a posé la bombe. Pas de haine, des questions. Elle regarde cette époque de violence et cherche avec Les Justes de Camus à répondre aux questions de la justification ou non du terrorisme. Son choix à elle est clairement un engagement social mais non le terrorisme « aveugle ». La terroriste de 1956 a occupé depuis des postes politiques. C'est pourquoi Danielle Michel-Chich lui pose les questions de ce livre. Elle n'y répondra sans doute pas. Mais cette lettre à Zohra D. aura permis à celle qui l'a écrite « d'ouvrir une porte sur un pan inconnu » d'elle-même.