Twitter est un média social de 383 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 5,2 millions en France. Cependant, seul 24% des comptes Twitter ouverts en France sont dits « actifs » (étude Semiocast). Ce post a pour but d’essayer de comprendre pourquoi l’engouement de Twitter ne prend pas à tous les coups chez les utilisateurs qui sont pourtant de plus en plus nombreux à faire la démarche de se créer un compte.
Twitter aujourd’hui
Impossible de passer à côté, Twitter tout le monde en parle ! La presse plébiscite ce média social et les entreprises s’en emparent également progressivement.
Twitter est attirant car il donne accès à de l’information « libre », non formatée. Sa capacité à annoncer en avant-première la mort de Ben Laden, son implication dans les révolutions arabes, sa possibilité, lors de l’affaire DSK, de rendre compte de ce qui se passe dans un tribunal où les caméras ne sont pas invitées sont autant de raison qui font que ce média social fait parler de lui et éveille la curiosité des non initiés.
Trois types d’activités sont possibles sur Twitter : Rédaction, Diffusion et Consultation de l’information. « Twitter est un forum public de partage de contenus », tranche Jean-Claude Domenget, auteur d’une étude sur les usages de Twitter chez les pros du web.
Jean-Claude Domenget, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’IUT de Belfort-Montbéliard
Twitter permet de s’informer rapidement, sur tout et n’importe quoi. Sur Twitter, nulle obligation d’être invité pour suivre un compte qui nous intéresse : on peut alors lire les tweets de Lady Gaga, de Barack Obama ou d’un thésard sur la physique moléculaire ! Si un compte n’est finalement pas si intéressant, en un clic on peut se désinscrire. Tout est possible et accessible. Ainsi, en suivant des comptes qui parlent de sujets qui nous intéressent, on s’assure de dénicher des informations souvent inédites.
Twitter est très utilisé dans le domaine professionnel. « Le principal intérêt de Twitter est la veille », résume Flavien Chantrel, auteur de deux e-books sur Twitter. Ainsi grâce à Twitter il est possible de se tenir informé des dernières actualités parut dans son domaine d’expertise.
Flavien Chantrel, Community Manager chez RegionsJob
Mais Twitter, c’est également un reflet de la vraie vie. On parle beaucoup, et surtout pour ne rien dire !
Sur Twitter, on parle aussi de soi, de ce qu’on fait et de ce qu’on aime
Tweeter c’est dans l’air !
Le nombre d’abonnés sur Twitter en France a totalement explosé en un an en connaissant une augmentation de 126% (étude Semiocast). Pour Paul Guyot, cofondateur et président de Semiocast, « il y de plus en plus d’utilisateurs qui commencent à tweeter parce que c’est dans l’air. Il y a clairement une adhésion, une massification d’usage ».
Le nombre de comptes Twitter ne cesse de croître depuis sont lancement en 2006. Cependant, seul 24% des comptes Twitter sont actifs avec au moins un tweet posté, activité mesurée sur une large période de trois mois de septembre à novembre 2011 (étude Semiocast). Il semblerait que les premiers pas sur Twitter peuvent donner envie aux utilisateurs de rebrousser chemins rapidement.
En France, seul 24% des comptes Twitter recense une activité avec au moins un tweet émis sur une période de trois mois
Pourquoi la sauce Twitter ne prend t’elle pas ? Ergonomie de l’activité et de l’IHM
76% de comptes « inactifs », pourquoi autant de personnes n’ont pas d’activité mesurable sur Twitter après leurs inscriptions ? Ces abonnées ont-ils déserté Twitter après une première tentative non concluante de prise en main de l’interface ou sont-ils des « twittos » passifs avec une activité unique de consultation ? Quelque soit la répartition de ce pourcentage, il semblerait qu’il y ait un problème d’appropriation de l’outil Twitter par ses utilisateurs.
Twitter nécessite une première phase d’appropriation par l’utilisateur
En interrogeant notre entourage, nous avons recueilli beaucoup de témoignages semblables à celui-ci : « j’ai un compte, j’ai tweeté une seule fois, j’ai deux amis qui l’utilisent à tout casser et finalement je ne vois pas l’intérêt ».
Twitter est exigent, il demande un investissement de la part de l’utilisateur
L’intérêt de Twitter est difficilement perceptible pour un grand nombre d’utilisateur, « j’ai la parole mais je n’ai rien à dire ». Twitter peut être intimidant. Rédiger un tweet nécessite d’avoir des choses à dire, des choses percutantes afin de se créer un public. Twitter serait donc destiné en priorité aux bloggeurs, aux passionnés du web, aux journalistes, aux célébrités et de plus en plus aux politiciens.
Alors à notre niveau, que dire pour que l’on se mette à nous suivre ? « Construire son audience est un frein quand on arrive sur Twitter, reconnaît Jean-Claude Domenget. Et il peut être long de se trouver les bonnes sources ».
Twitter demande une part d’investissement de la part de ses utilisateurs. Twitter ça se construit. Il faut passer du temps à chercher les comptes que l’on veut suivre, se trouver une ou deux thématiques qui nous intéresse et sur lesquelles ont a envie de créer ou de relayer du contenu. Ce sont les utilisateurs de Twitter qui sont à la base de la création de son contenu et de sa diffusion. Les utilisateurs alimentent et font vivre Twitter. L’intérêt est donc que tous les utilisateurs tweetent ! Le retweet (RT) sert à propager des informations jugées intéressantes et à ne pas manquer. Plus l’information sera tweetée, plus elle sera lue par un grand nombre d’abonnées. L’intérêt du service est donc de faire participer tous ces membres. Il faut d’abord se sentir concerné pour s’approprier Twitter.
Vie privée, vie public : l’envie de ne pas tout mélanger
L’adhésion non réciproque pour suivre quelqu’un et le côté public des comptes Twitter par défaut, amène à un mélange de vie privée et de vie public, de vie personnelle et de vie professionnelle, qui peut être au premier abord troublant pour les utilisateurs. Ce concept de réseau professionnel à visage humain, est très anglophone. Sur Twitter, on suit une personne et non une entreprise. En France, la barrière entre le professionnel et le personnel est encore bien présente, une personne sur onze protège son compte afin de ne rendre visibles leurs tweets qu’aux personnes de leurs choix (étude Semiocast). Suivre quelqu’un qu’on ne connait pas, mais expert dans notre domaine et qui tweet de temps en temps des photos de vie quotidienne, c’est surprenant, mais après tout on y prend vite gout. Twitter, c’est une nouvelle façon de voir le monde de l’entreprise. Il y a encore une fois ce concept d’accessibilité et de proximité.
Le Twitter de la start-up @Podio illustre bien se mélange d’information. Les photos de vie quotidienne publiées, humanisent le monde de l’entreprise.
L’interface de Twitter perd l’utilisateur
Épurée, soignée et bien agencée l’ergonomie de l’interface Twitter ne semble pas problématique en soi. Alors qu’est ce qui fait défaut à Twitter ? Comment expliquer le fait qu’à leurs arrivées, beaucoup d’utilisateurs se sentent perdus et perçoivent l’IHM comme étant assez « brut de décoffrage » et pas vraiment « user friendly ». Un des problèmes actuels c’est l‘absence de hiérarchisation entre les tweets qui n’aide pas à se repérer dans ce flux de messages. Une nouvelle utilisatrice confie à ce sujet « Ce n’est pas facile pour trouver les gens, répondre, etc ». Il semble que les utilisateurs aient des difficultés à saisir les discussions : Qu’est ce qui se dit ? Qui parle ? À qui ?
Les tweets sont représentés comme un flux d’information et il n’existe aucun principe de hiérarchisation entre eux
Le langage Twitter : un monde pour les geeks
Les tweets séduisent-ils seulement les geeks ? La culture geek semble s’être imposée sur Twitter. En effet, les geeks ont été les premiers à s’emparer de l’outil. Ils ont mis en place un certain nombre de codes pour communiquer, c’est le cas du « hashtag ».
Première utilisation du hashtag par Chris Messina, développeur chez Google
Du coup, les tweets s’apparentent aujourd’hui un peu à des lignes de codes ! Il y a des @texte, des #texte, des RT@texte, des liens tronqués qui s’affichent à la pèle. Les messages de 140 caractères sont dits « facile à lire », pourtant, à première vu, il est difficile d’attraper le contenu parmi tous ces symboles qui viennent parasiter la lecture lorsque l’on ne les maitrise pas. Rien ne prépare le nouvel utilisateur à ce mode de langage. Lire un tweet c’est un peu comme lire un sms pour la première fois, ça s’apprend ! Malgré ses fonctionnalités basiques, son mode de communication déroutant pénalise Twitter au niveau de l’accessibilité avec un risque élevé de perdre un certain nombre d’utilisateurs fraîchement débarqués.
@egadenne un abonné Twitter friand de l’usage des codes de communication Twitter
Comprendre Twitter pour en devenir adepte
Twitter c’est un flux d’information dans lequel il ne faut pas chercher de hiérarchisation. Il sert à piocher l’information qui nous intéresse, et lorsque l’on suit un certain nombre de personnes, on pourra facilement repérer les informations à ne pas louper qui seront amplement retweetées par la communauté. Les personnes persévérantes y trouveront sans aucun doute leur bonheur. Pour apprécier Twitter, il faut savoir pousser la curiosité et déchiffrer ses codes afin de pouvoir le prendre en main. Une petite illustration permettra de vous réconfortez si vous êtes en train de faire vos premiers pas sur Twitter. Vous êtes dépité car vous ne comprenez rien à l’outil ? Vous vous trouvez au premier stade, pas de panique, avec un peu de persévérance vous allez gravir les échelons et doucement l’appropriation de Twitter va se faire progressivement jusqu’à l’addiction.
Les quatres étapes à gravir afin d’arriver au stade ultime : devenir un vrai « Twittos » addict
Recommandations
- L’intérêt de Twitter n’est pas toujours identifier par les utilisateurs, une vidéo sur la page d’accueil expliquant le concept et présentant les différents usages qu’il est possible d’avoir serait un plus. Twitter in plain English, vidéo créée par Commocraft est une belle illustration d’une explication ludique de Twitter.
Vidéo de Twitter in plain English par Commoncraft - Ce qu’on aime, c’est arriver sur une interface en comprenant directement ce qu’on peut y faire et comment le faire. Twitter gagnerait à présenter un tutoriel dès l’inscription de l’utilisateur, comme le font de plus en plus de site, c’est le cas de Google plus , qui après l’inscription, présente l’interface à l’utilisateur avant de le laisser faire ses premier pas.
Google+ guide l’utilisateur dans la découverte de son interface - Ce tutoriel doit comprendre un glossaire pour s’approprier le langage Twitter. Aujourd’hui ce glossaire existe mais n’est pas mis en avant sur l’interface, il est pourtant essentiel à la prise en main du service. Ce manque est facilement observable par la création de nombreux blog de passionnées de l’outil Twitter (exemple du blog de @Jchristopheanna et du glob de bargeo) ou même d’entreprises, c’est le cas de Netissime ou bien encore d’Europe 1 qui fournissent des guide à la compréhension et à l’utilisation de Twitter.
Extrait de l’article « Twitter on vous donne les clés » d’Europe 1 à l’intention de ses internautes
Pour conclure
Twitter est un outil difficile à s’approprier et seul les plus curieux finiront par en devenir adepte, tandis que les autres lui tourneront le dos sans chercher à comprendre ce qui a bien pu leur échapper. On peut se demander si le langage Twitter restera un frein à son appropriation et son utilisation d’un large public. Si vous êtes persévérant, apprenez à faire connaissance avec Twitter puis il finira par vous suivre partout : au boulot, dans les transports, devant la télé et même jusqu’aux toilettes…
#jeudiconfession : Tous les jeudis, la communauté Twitter a comme rituel de se confesser