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Nadine Morano, Louis Alliot, ouvrez une boutique de drapeaux !

Publié le 07 mai 2012 par Variae

Tout le monde s’était persuadé qu’il n’y aurait pas d’état de grâce pour le nouveau président. Non seulement cette prévision s’est vérifiée, mais il n’y a pas eu, non plus, de trêve politique : à peine la poussière du vote de dimanche retombée, la nouvelle opposition, UMP et FN, est passée à l’attaque, se saisissant de ce qu’il faudrait peut-être appeler le « drapeaugate » tant cet incident déchaîne des commentaires au-delà de toute mesure.

 

Nadine Morano, Louis Alliot, ouvrez une boutique de drapeaux !

Il y aurait eu, pour fêter la victoire de François Hollande à la Bastille, trop de « drapeaux rouges » (ce nouveau croquemitaine du bestiaire UMPiste depuis la Fête du Vrai Travail), trop de drapeaux étrangers (Algérie, Palestine … étrangement, les drapeaux grecs ou italiens ne sont pas mis en cause), et pas assez de drapeaux français. Critique reprise en chœur par le gang des –o (Morano, Alliot, Philippot) qui n’hésitent pas à extrapoler pleins gaz pour y voir la preuve de la « communautarisation » en marche, ou un premier stigmate (Cause ? Conséquence ? Morano n’a pas les idées très claires)  du « vote des étrangers » que va mettre en place François Hollande. Et plusieurs contributeurs de Causeur de faire sonner leurs clairons un peu usés sur l’horreur de la « fausse-gauche-bobo-multiculturaliste », tandis que Marianne s’interroge plus finement sur les « cicatrices » que pourraient révéler ces étendards. Bientôt n’en doutons pas, Alain Finkielkraut, Alain Badiou ou Michel Wieviorka y iront également de leur tribune exégétique.

Soyons honnêtes : les images de France 2, en plan fixe sur la colonne de la Bastille où s’agitent les dits drapeaux, étaient marquantes. J’ai pressenti la polémique au moment même où je les ai vues. La force des images était démultipliée par l’intensité de l’instant, cérémonial républicain appelant plutôt le bleu-blanc-rouge. Tout cela prête évidemment à la surinterprétation symbolique. Dégonflons la baudruche remplie à l’air droitier.

Premièrement, il faut vraiment ne pas souvent se mêler aux grands événements populaires pour être choqué par cette vision. A chaque manifestation, ces drapeaux (et de bien plus rouges encore !) ornent désormais la colonne de la Bastille. Le peuple de gauche étant au rendez-vous dimanche soir, les mêmes militants qui saluent d’habitude de cette manière les cortèges passant à la Bastille ont prolongé leur coutume. Par ailleurs, les drapeaux de pays du Maghreb fleurissent de même lors des grandes rencontres sportives, par exemple. Suffisent-ils à pointer des mauvais Français ou des Français mal intégrés ? J’ai du mal à croire que des individus ne se sentant pas français auraient fait le déplacement pour fêter la plus grande élection républicaine. J’espère en outre que la droite tiendrait les mêmes propos sur des drapeaux, au hasard, bretons. A votre avis ?

Deuxièmement, sur l’absence de drapeaux bleu-blanc-rouge. Chers lecteurs, en avez-vous un chez vous ? Moi pas, et c’est après rapide enquête une caractéristique étonnamment répandue dans la population – sauf peut-être aux alentours d’une finale de coupe d’Europe ou du monde. Les militants, socialistes ou du Parti de gauche dimanche, sont équipés de matériel à l’effigie de leur parti, et c’est bien le moins pour des militants. Mais des Français non encartés n’ont pas de raison particulière d’avoir ce genre d’outil chez eux. Si les drapeaux incriminés avaient été noyés dans une foule de drapeaux bleu-blanc-rouge, la polémique n’aurait pas même commencé. En l’occurrence et si l’on cherche vraiment des coupables, ce sont plus les badauds venus les mains libres qui seraient à blâmer, que les malheureux ayant commis l’outrage impardonnable de brandir qui l’effigie de la rose, qui un croissant d’outre-Méditerranée.

Il est dommage que Nicolas Sarkozy n’ait pas eu l’idée de faire passer une loi imposant à chaque citoyen, outre la possession d’un kit de sécurité routière et d’un alcootest, celle du drapeau national pour l’emporter à chaque grand rassemblement populaire. En attendant que cette lumineuse idée trouve le chemin du cerveau de François Hollande, je n’ai qu’un conseil à donner aux Morano, Alliot et autres Philippot : à la prochaine fête de ce genre, investissez dans une baraque de forain, un stock de drapeaux et installez-vous à proximité des festivités : vous deviendrez riches, et sauverez l’honneur national.

Romain Pigenel


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