"La monnaie unique se repliait à 1,3020 dollar dans les premiers échanges en Asie. C'est surtout l'incertitude qui plane en Grèce après le résultat des législatives qui devrait alarmer les marchés lundi."L'euro s'affichait en baisse après les élections en France et en Grèce dimanche soir. A 22h00, heure française, il s'échangeait contre 1,3020 dollar (-0,52%) dans les premiers échanges en Asie, soit son plus bas niveau depuis trois semaines. François Hollande a remporté la présidentielle française avec 52 % des voix, contre 48 % à Nicolas Sarkozy, selon les dernières estimations TNS-Sofres. En Grèce, les législatives ont été marquées par une poussée des partis extrémistes tandis que les deux principaux partis politiques du pays, la Nouvelle démocratie conservatrice et le Pasok social-démocrate, ont enregistré les plus mauvais scores de leur histoire.« Le résultat des élections en France et en Grèce vont sans doute renforcer la tendance baissière de l'euro », commente Lee Hardman, un stratégiste sur les changes de Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, cité par Bloomberg. La monnaie unique a marqué le pas au cours des dernières séances, glissant de 1,3284 dollar lundi à moins de 1,31 dollar vendredi. Il s'agissait de sa moins bonne semaine depuis un mois. Pour les économistes, c'est surtout l'incertitude qui plane désormais en Grèce après le résultat des législatives, susceptible de mettre en péril le plan d'aide accordé au pays, qui devrait surtout alarmer les marchés. « Les créanciers du pays (FMI, UE et BCE) risquent de suspendre au moins temporairement leur aide », s'inquiète Stéphane Deo chez UBS. « Le gouvernement ne pourra rapidement plus payer ses fonctionnaires et les retraites, ce qui engendrera de très vives tensions sur les marchés financiers », prévient-il.
« Semaine à haut risque »La victoire à la présidentielle française de François Hollande, attendue depuis plusieurs jours, ne devrait pas provoquer de remous. « La semaine s'annonce à haut risque, mais paradoxalement la Grèce pèsera peut-être plus dans la balance que l'élection française », estime Valérie Plagnol, directeur de la recherche chez Crédit Suisse. La Bourse de Paris cède certes du terrain depuis plusieurs semaines, mais cette tendance est commune à l'ensemble des places financières européennes, minées par les craintes sur l'économie de la zone euro. Et le coût de refinancement de la dette publique de la France n'a pas augmenté entre les deux tours de la présidentielle. Paris a emprunté jeudi près de 7,5 milliards d'euros à des taux en baisse, inférieurs à 3 % pour l'échéance à 10 ans. « M. Hollande ne devrait pas remettre en cause le traité européen sur la stabilité financière, mais plutôt y adjoindre un volet sur la croissance. Sur ce point, il n'est plus seul à souhaiter cela en Europe, ce qui a tendance à rassurer », explique Valérie Plagnol. Longtemps réticente, Berlin est prête à travailler à « un pacte de croissance pour plus de compétitivité », selon le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, souhaite aussi remettre cette thématique « au centre de l'agenda » européen. [Source: Les Echos]