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Les Echos proposent dix raisons pour l'échec de Sarkozy. Voyons cela.

Publié le 07 mai 2012 par Omelette Seizeoeufs

La façon dont la défaite de Sarkozy sera interprétée va avoir une certaine importance pour la suite des événements. Parallèlement, on aime utiliser le mot "échec" avec le nom de Sarkozy, et maintenant personne ne viendra nous contredire. Sauf peut-être Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet ou l'incomparable Jean-François Copé, qui croient encore à la réussite de leur programme, de leur héros, de leur campagne et même à la survie de leur formation politique. En tout cas, Les Échos ne mâchent pas leurs mots, et présentent Les dix raisons de l'échec de Nicolas Sarkozy. Voyons si on est d'accord.

  1. La simple loi de gravité politique

    Ils veulent dire un désir d'alternance politique. Je n'y crois pas du tout, mais c'est anodin.

  2. La dure situation économique

    La Crise : on sait. Oui, cela a joué.

  3. L'équation personnelle du candidat

    Là, on arrive dans le vif du débat : quel rôle précis attribuer à la personalité politique de l'ex-TGH. Les Échos expliquent :

    Dans la campagne de 2007, Nicolas Sarkozy avait théorisé la mise sous tension du débat public autour de ses idées. Son énergie, son goût de la transgression, son hyper-présidence (à la fois concentration des pouvoirs et banalisation de celui qui les exerce) ont « hystérisé » son mandat.

    Aux yeux du monde, son énergie était admirée et son leadership reconnu à Washington, Berlin et Pékin. Mais aux yeux d'une partie des Français, son énergie est devenue négative (au sens physique du terme, répulsive), autre façon de parler de rejet parfois « tripal ». {« Ce sera très difficile parce qu'on va payer les erreurs du tout début, pourtant totalement secondaires} », déplorait déjà à l'automne Jean-François Copé, le patron de l'UMP.

    Le premier paragraphe est à peu près juste : le mandat a effectivement été "hystérisé", et la formule est bien trouvée : "concentration des pouvoirs et banalisation de celui qui les exerce". Surexposition médiatique (concentration du regard sur lui) ; et concentration des pouvoirs : à force de tout dominer en donant l'impression précisément de tout dominer, produit inévitablement un contre-pouvoir. Comme ce contre-pouvoir n'avait ni existence institutionelle (le Parlément comptant pour du beurre), ni existence médiatique (hors Mediapart), il s'est incarné chez les "vrais gens", il est devenu une "passion populaire" (comme dirait Guaino). Son erreur était de créer l'impression d'un excès de pouvoir.

    La lecture de notre cher Jeff Copé, en revanche, est légère : les "erreurs […] pourtant totalement secondaires" – il pense au Fouquet's et au yacht de Bolloré je suppose – ne sont que la partie la plus visible du problème. Rien de ce qu'a fait Sarkozy par la suite n'a jamais démenti l'avidité de pouvoir que ces premiers épisodes soulignaient. Malgré tout ce qu'on a pu dire sur le Fouquet's et le yacht, au moment ils n'ont pas eu d'effet sur la popularité du président débutant. Ce n'est qu'un an plus tard qu'il s'est effondré définitivement dans les sondages. L'illusion qui plaît beaucoup à l'UMP consiste à prétendre que ce sont deux ou trois symboles qui ont tout détraqué. Les "gens" (ou le Peuple Français, comme ils disent, avec des trémolos) ne sont pas si bêtes et auraient vite pardonné ces erreurs de communication si justement elles ne s'étaient pas avérées emblématiques d'une certaine façon de manier le pouvoir, et d'un narcissisme d'État qu'ils n'ont pu diagnostiquer avec certitude que plus tard.

    Le retard de la réaction populaire au Fouquet's et au yacht montrent bien qu'il s'agit d'une relecture des faits : à partir du présent, en 2008, 2009, 2010, on remonte jusqu'au début du fil pour trouver l'événement originel. Le Fouquet's et le yacht de Bolloré prennent ses dans le "récit" de Sarkozy seulement quand on sait comment le récit se termine.

    Donc, Jeff : deux erreurs de comm ne suffisent pas à plomber un quinquennat.

  4. Des embardées difficiles à suivre

    Il s'agit là du virage à l'extrême droite et l'abandon de l'image "capitaine du yacht… euh… du navire". Les Échos sont assez charitables et attaquent seulement sur la question de la lisibilité et du ciblage ("difficiles à suivre").

    On minimise en disant que Sarkozy a perdu les pédales pendant les quinze derniers jours. Mais pour vraiment comprendre, il faut remonter également jusqu'en 2007, au siphonnage, puis redescendre en passant par Hortefeux, les quotas d'expulsions, les Roms… Parallèlement au reste, Sarkozy a conduit une politique inspirée des valeurs de l'extrême droite, justement pour se permettre ces "embardées". Donc ce n'était pas un hasard. Toute l'UMP était au courant et complice. Il aurait fallu s'en plaindre un peu plus tôt.

  5. Un nouveau mandat, pour quoi faire ?

    Oui, là c'est un gros problème de communication, mais qui est aussi la conséquence du décalage entre une campagne FN et un programme RPR.

  6. Un virage mal négocié

    Ici nous sommes profondément dans le territoire de la pensée économique de droite. Sarkozy ne serait pas allé assez loin. Il était déjà plombé par ses autres problèmes, à mon avis.

    A l'été 2009, deux de ses proches, Xavier Musca (conseiller économique puis secrétaire général de l'Elysée) et Raymond Soubie (conseiller social jusqu'en 2010) lui ont conseillé de changer de cap. La crise justifiait, selon eux, une inversion des priorités en axant toute la politique sur le redressement assumé de la France. Des réformes chocs (35 heures, compétitivité…) qui auraient été contrebalancées par l'abandon également assumé du « paquet fiscal ».

  7. La mauvaise foi du camp d'en face

    Je passe…

  8. La bonne campagne de François Hollande

    En effet….

  9. Une relation aux médias très compliquée

    Retour à sa personnalité et à sa communication. L'amour excessif des débuts serait transformé en une agressivité tout aussi excessive. Personnellement, j'ai plutôt l'impression que les médias ont continué à donner le bénéfice du doute à leur Président, et que s'il y a eu une évolution sur ce plan, c'est que Sarkozy lui-même s'est fait piéger par la sur-personalisation de son pouvoir. En tout cas, je rejete l'hypothèse d'une revanche des médias.

  10. Un quinquennat, c'est court

    Pas celui-là, non.


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