François Hollande est le nouveau Président de la République. Candidat depuis plus d’un an, l’élu de Corrèze a su conserver au fil des mois une avance suffisante pour devenir le second socialiste à accéder à l’Élysée. Celui qui se présentait comme un candidat « normal » a su rassembler les Français autour de sa candidature. Pour revenir sur cette soirée, Délits d’Opinion a demandé à Jean-Jacques Bourdin, animateur de la matinale de RMC, ses impressions sur cette soirée, la campagne et les échéances politiques à venir.
Délits d’Opinion : Quel est l’élément ou la prise de parole qui vous a le plus marqué depuis hier soir ?
Jean-Jacques Bourdin : « La soirée a été somme toute très mesurée ; un constat qui s’explique sans doute par l’omniprésence de la crise dans les esprits des Français. Sur le plan des discours, j’ai trouvé l’intervention de Nicolas Sarkozy sincère et digne même si elle n’était pas totalement dénuée de calculs politiques en vue des élections législatives. Du côté socialiste, les premiers mots de François Hollande ont été bien sentis, très proche du peuple, alors que le nouveau Président à semblé hésiter à quitter le calme relatif de sa Corrèze pour rejoindre l’enfer parisien survolté et les responsabilités qui l’attendent. Sur les plateaux, je retiendrai la course aux boucs-émissaires des leaders de l’UMP, visant notamment les médias. S’agissant des représentants du Parti Socialiste j’ai trouvé qu’ils exprimaient une conscience forte des enjeux et de l’absence d’état de grace. Là encore, ils étaient, selon moi, dans le bon ton. Globalement, et cela vaut evidemment pour Marine Le Pen, j’ai vu se dérouler une soirée très politique et sans une grande ferveur populaire ».
Délits d’Opinion : Au final, quels sont les éléments qui ont été déterminants dans la victoire de François Hollande ?
Jean-Jacques Bourdin : « De tous les éléments, celui qui restera comme le marqueur indélibile de ce scrutin c’est bien le contexte de crise économique. Nuage statique au-dessus de la tête des électeurs, la crise et ses conséquences au niveau du chômage et du pouvoir d’achat, ont clairement modifié la teneur des débats. Cette épée de Damoclès n’a cessé de planer au-dessus de la tête des canddiats eux-mêmes, bien incapables de s’extraire de ces questions. Je retiendrai également l’opinion des Français sur la pratique du pouvoir de Nicolas Sarkozy. Au fil de son mandat, et pendant la campagne, le Président a toujours fait le choix de cliver pour mieux marquer le terrain et avancer. A l’opposé, François Hollande est apparu comme une antithèse. Lui n’a jamais souhaité cliver, se voyant ainsi souvent repprocher son manque de tranchant.
En résumé, ces deux canddiats sont deux affectifs qui n’expriment pas ce trait de caractère de la même manière. Lors de la campagne, l’un à fait le choix de tout garder pour lui, tandis que son opposant a préféré extérioriser ses sentiments. Enfin, s’il ne faut pas oublier la droitisation de la campagne de Nicolas Sarkozy, je ne pense pas que cela ait pu être un élément determinant dans sa défaite. C’est, selon moi, le comportement et la pratique qui lui ont été le plus repprochés hier soir. Président parfois instable sur certains sujets, il lui a été opposé un candidat socialiste qui a su demeurer constant. Devenu rassurant au fil du temps, celui qui incarne l’antithèse a été préféré à la thèse qu’incarnait Nicolas Sarkozy ».
Délits d’Opinion : Dès aujourd’hui débute la 3e manche. La droite est-elle en mesure de stopper la vague rose ?
Jean-Jacques Bourdin :« Après cette victoire de François Hollande, je ne crois cependant pas au déferlement d’une vague rose. Je souscrit davantage à la thèse d’un éclatement fort du vote les 9 et 16 juin prochains, dans le mesure ou nous n’avons pas vu un élan exceptionnel à l’occasion de la campagne. A droite, l’UMP a déjà entamé son combat contre un « état PS » et en faveur d’une cohabitation au lendemain des législatives. On peut également s’attendre à un renforcement de la place des partis situés aux extremités de l’échiquier politique. En effet ceux que l’on designait comme des votes uniquement « protestataires » semblent évoluer désormais vers de réels votes d’adhésion. Dans un mois, les Français seront donc rappelés aux urnes et devront se prononcer cette fois, pour ou contre une cohabitation ».