Le jour d'après

Publié le 07 mai 2012 par Spartac

C'est beau une ville la nuit...


Le jour d’après, nous y sommes enfin. Pour ceux de ma génération nés en 1981 et après, les scènes de liesse populaire suivant une élection présidentielle faisaient office d’images d’archives. Enfin, à 20 heures hier soir elles se conjuguèrent au présent. Emotion immense de voir la Bastille s’embraser, de voir la joie de cette population mélangée. Regret personnel d’en être éloigné, car pour être franc, les manifestations de joie dans le centre de Belfast furent mesurées…

A Belfast, l'effervescence est modérée

Enfin, la gauche revient au pouvoir. 10 ans d’attente, marqués par le traumatisme de 2002, brulure infâme que nous portions. Il faut tout de même le croire, c’est bien François Hollande le nouveau président. Au bout d’une campagne interminable qu’il commença bien seul dans son fief de Corrèze pour la terminer triomphant au même endroit, un peu plus d’un an plus tard, alors que l’accordéon jouait la vie en rose.
Mais la joie fut mesurée, tempérée par la gravité. Car la vie n’en sera pas rose pour autant. Angela Merkel marque des barrières dès cet instant, prévenant l’irréversibilité du Pacte Budgétaire. La Grèce dans le même temps voyait des néonazis entrer au Parlement. L’instabilité grecque notamment faisant en ce lendemain d’élections baisser l’euro symboliquement.
François Hollande mesure déjà sa responsabilité. Ses deux premières interventions furent marquées par ces considérations. L’Europe nous regarde maintenant. J’échangeais hier soir avec des amis espagnols me disant que cette victoire leur donnait l’espoir, espoir qu’il ne faudra pas décevoir.
Le nouveau président, a martelé ses axes principaux, justice et jeunesse. Il n’est possible que d’approuver, tellement l’abandon est grand, que ce soit chez nous mais dans tous les pays européens. François Hollande sait que les générations abandonnées peuvent devenir le vivier des théories les plus extrêmes, il faudra donc qu’un avenir leur soit proposé.
Le chantier qui s’avance est immense. Il ne doit pas être celui de la rigueur et de l’austérité, mais celui du partage et de l’égalité, la vraie, vaste programme.

et maintenant les allocations chômage?

Quand à Nicolas Sarkozy, pour une fois digne, il semble tirer sa révérence. C’est après tout pour lui ce qui est mieux, lui jeune père de famille a qui l’on souhaite de s’occuper à pouponner. Je ne peux me défaire d’une immense satisfaction de le voir quitter le pouvoir et les ondes, après 10 ans de saturation.
Mais il laisse derrière lui un champ de ruine au sein même de son parti. Parti où les éléments de langage avaient été répartis,  sur le thème de l’accaparation des pouvoirs par la gauche qu’il fallait éviter en votant bien évidemment UMP aux prochaines législative. Je ne parierais pas là dessus à moins d’une incohérence majeure des français. L’UMP prêt à l’implosion, qui devra digérer la stratégie Buisson, et regarder son coté sombre. L’ambivalence cultivée avec le Front National pose question, et l’on s’interroge sur leur future stratégie.
Mais pour un instant, pour un instant seulement, ne boudons pas notre joie. L’état de grâce ne durera pas, les premiers plans sociaux vont bientôt s’amorcer, les négociations avec l’Allemagne vont être âpre. Il faudra être vigilant sur les engagements. Il est permis de croire que le nouveau président, dont le fait d’écrire ces deux mots même procure une sensation extraordinaire, ira jusqu’au bout de son assainissement, et donne l’espoir à la jeunesse de France, et d’ailleurs. Car on nous regarde désormais et nous pouvons maintenant proposer un nouvel élan à l’Europe. Ce sont les enjeux à venir.
Et tout de même ce que je ne regretterais guère :
- Les discours d’Henri Guaino, pour mémoire Dakar, Grenoble et j’en passe.- les paraboles civilisatrices de Claude Guéant- Les interventions de Nadine Morano- Les sondages méthode Coué de Guillaume Peltier- Les descentes dans les quartiers sous escorte journalistiqueEt tant d’autres choses…