Après des semaines de suspens, on peut affirmer que le gagnant par ippon est :
En effet, lundi 7 mai, Vladimir Poutine a reçu l'investiture pour son troisième mandat de président. Il prêtera serment (de quoi au fait ?) devant les ministres, les parlementaires, les ambassadeurs... et ses amis Silvio Berlusconi et Gerhard Schröder ! Histoire de donner à cette investiture un caractère légitime dont certains esprits chagrins doutent (notamment les 120 militants d'opposition qui tentaient de manifester), le patriarche orthodoxe Kirill prononcera une messe d'intronisation dans une cathédrale, rappelant ainsi au passage que la séparation de l'Église et de l'État n'est qu'un texte purement formel de la Constitution russe, le chef de l'Église orthodoxe ayant même appelé à voter Poutine...
Mais ce n'est évidemment pas à lui que vous pensiez. Mais pensiez-vous à lui :
Les élections législatives en Grèce ont débouché sur un résultat inédit. Depuis la chute de la dictature des colonels en 1974, les deux principaux partis politiques, la Nouvelle Démocratie (de droite) et le Pasok (de gauche), avaient toujours dominé le paysage politique. Or, hier, c'est la coalition de la gauche radicale (Syriza) emmenée par Alexis Tsipras qui a effectué une percée suffisante pour devenir le deuxième parti de l'échiquier politique, avec 16,75 % des voix. Et vous l'aurez compris, il s'agit d'un parti anti-austérité, a contrario du Pasok et de Nouvelle Démocratie qui devront dorénavant s'entendre au sein d'une coalition moins large s'ils veulent gouverner et mener de nouvelles coupes budgétaires pour environ 11,5 milliards d'euros.
Les journalistes grecs décrivent Alexis Tsipras comme une sorte d'Olivier Besancenot par son allure, mais avec un programme de type Jean-Luc Mélenchon, puisque Syriza est un regroupement de partis de gauche hostiles au mémorandum signé avec la Troïka et dont j'avais souvent expliqué qu'il mènerait à la catastrophe économique, politique et sociale ! C'est du reste ce qui est en train de se passer en Grèce, le parti néonazi Aube dorée faisant son entrée au parlement avec 7 % des suffrages, alors que l'abstention a atteint des sommets (40 %)...
Accessoirement, suite à une campagne électorale d'une médiocrité affligeante, la France a désormais pour Président de la République François Hollande :
J'ai souvent répété à l'envi que la politique menée en France, et plus généralement en Europe sous l'impulsion du couple Merkozy, était mortifère sur le plan économique et social (voir par exemple ici ou bien là). La Chancelière allemande, Angela Merkel, vient juste de déclarer qu'elle accueillerait François Hollande les "bras ouverts", en excluant néanmoins toute renégociation du pacte budgétaire européen et toute relance de la croissance par des déficits publics. En termes diplomatiques, on appelle cela une fin de non recevoir...
Tout l'enjeu est donc à présent de savoir si le nouveau Président de la République sera capable de s'affranchir du carcan néolibéral qui enserre l'Europe, et s'il saura prendre les mesures nécessaires pour répondre aux questions si importantes oubliées durant la campagne : comment résorber le chômage et créer de l'emploi ? Comment retrouver la croissance ? Comment améliorer l'enseignement ? Que faire contre la pauvreté et l'exclusion ?
Mais si toutes ces questions doivent trouver une réponse, c'est maintenant tant l'urgence est grande et pas après la mise en place de mesures d'austérité aussi inutiles qu'injustes, qui priveraient le gouvernement de toute marge de manoeuvre pour les 5 prochaines années ! Je reste pessimiste, mais peut-être est-ce par nature...