Belfond, 7 janvier 2010, 532 pages
Résumé de l'éditeur :
Quand, en avril 1999, son épouse Maureen échappe de justesse au massacre de Columbine, Caelum cherche refuge avec elle dans la ferme de son enfance à Three Rivers, Connecticut. C'est là qu'il découvre des archives familiales insoupçonnées : les lettres de son aïeule, militante abolitionniste, anéantie par la perte de ses fils au front ; les journaux de son arrière-grand-mère, fondatrice de la prison pour femmes du comté, hantée par la descente aux enfers de sa soeur ; des coupures de presse sur les tragédies locales de ces années 60 qui ont vu grandir Caelum aux côtés d'un père alcoolique revenu traumatisé de la guerre de Corée...
Au fil de ses recherches, Caelum, stupéfait, voit se recomposer deux siècles d'une histoire familiale pleine de bruit et de fureur, et ressurgir le terrible secret de ses origines... Pour tenter de comprendre cette infinie colère qui l'habite depuis toujours, Caelum va devoir explorer les recoins les plus obscurs de sa mémoire...
Mon avis :
Waouh ! Quelle fresque !
Bon, un peu long peut-être, mais une écriture qui vous prend par la main et qui vous emmène au coeur de l'Amérique de W.
L'histoire commence à Columbine quelques jours avant la tragédie. Caelum rencontre les deux élèves-tueurs dans une pizzeria et discute un peu avec eux car ils sont ses élèves à son cours d'écriture.
Puis, le mardi fatale arrive et la femme de Caelum reste cachée dans un placard jusqu'à l'arrivée des secours. C'est le début de sa descente aux enfers : Syndrome de Stress Post-Traumatique, dépression, dépendance aux médicaments. Attention, cette partie dure la première moitié du roman.
Puis le couple déménage dans le Connecticut, et là, Caelum va découvrir la vérité sur sa mère et sa famille grâce à ses locataires.
Sans oublier le personnage de Velvet, la jeune fille que Caelum avait pris sous son aile, puis sa femme, puis son locataire.
Caelum s'interroge beaucoup sur les causes de la tuerie de Columbine, et nous avec lui. Mais aucune réponse n'est satisfaisante car de nombreux facteurs entrent en collision. Celui qui m'a le plus frappé : Caelum explique que dans les lycées américains, les élèves les plus en vue sont les sportifs. Chouchoutés, ils peuvent se livrer à toutes sortes de turpitudes sur leurs camarades les plus fragiles. Même si ils sont vus par les professeurs, jamais personne ne leur dira rien. Erik et Dylan n'étaient pas des sportifs, et se faisaient maltraiter, comme d'autres. A qui la faute, alors ?!
Et puis il est également question de la condition des femmes détenues : leurs conditions de détentions ainsi que ce qui les a conduit en prison.
La théorie du chaos est elle, aussi, présente, ainsi que les mythes fondateurs grecs, ses deux "théories" expliquant certines situations.
Bref, l'auteur dresse le portrait d'une Amérique qui envoit ses forces vives se faire tuer ou blesser en Irak (à eux aussi le SSPT au retour) ; de gens qui enchaînent plusieurs petits boulots pour payer les notes d'avocats et d'hôpital ; et qui se nourrissent dans des chaînes de restaurants, les mêmes dans tout le pays ; celle de l'alcoolisme latent de certains personnages.
Un roman plein d'espoir, pourtant, car Caelum croie en sa vocation d'éducateur et a le coeur sur la main. Des personnages attachants, donc, foisonnent dans ce livre.
Même si je n'adhère pas à la fin du roman un peu trop christique à mon goût, et même si parfois, ce roman comporte des longueurs, j'ai beaucoup aimé cette lecture qui m'a plongée au coeur des Etats-Unis.
L'image que je retiendrai :
Il y en a tellement.... Celle de Velvet et de ses couleurs de cheveux improbables ; celle de la psychothérapeute du couple et de ses saris aux couleurs chaudes.