Ô silence merveilleux et profond
Qui plane sur les campagnes solitaires !
Les forêts seules tout doucement s’inclinent,
Comme si le Seigneur passait sur la plaine.
J’éprouve en moi une vie nouvelle.
Où sont les soucis et les tourments de la veille ?
Hier encore, ils lassaient mon courage,
Et dans ma honte j’en rougis à l’aurore.
Le monde, avec ses peines et ses joies,
Je veux en pèlerin, allègrement, le parcourir
Comme une étape qui par delà le flot du temps
Me mène à toi, ô mon Seigneur.
Mon chant, en quête des faveurs de ce monde,
S’il brigue un jour ses viles et vaines récompenses :
Que brisé soit mon luth, et tremblant devant toi,
Ma muse se taira pour l’éternité.
Joseph von EICHENDORFF (1788-1857), poète lyrique et romancier allemand.
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