Après une campagne qui n'a amélioré le désenchantement général, des électeurs ont donc choisi le candidat gauchiste, ils ont préféré le conservatisme réactionnaire au réformisme de progrès. Ce vote du déni et du dépit laisse un goût amer à un trop grand nombre de Français pour que ce personnage sans charisme puise jouer le rôle de rassembleur et de pacificateur dont la France à grand besoin pour sortir de la nasse dans laquelle elle s'enfonce: avec 51,6% des voix, on ne peut en effet pas parler de plébiscite.
Sur les quatre défis qui attendent notre pays —maîtrise des comptes publics, remaillage de l'Europe, apaisement de la société civile et renforcement de l'économie— le locataire de l'Elysée, poussé par les extrémistes qui l'ont élu, va naviguer à vue. Son programme sans vision vise surtout à ne pas assurer le changement dont il s'est revendiqué pendant la campagne avec une grande platitude; il a préféré s’en prendre à des boucs émissaires (les riches, les banques, les actionnaires, les entreprises, les instances européennes…) plutôt de faire un travail de pédagogie auprès d’électeurs persuadés que les réformes entrainent moins de social et plus de chômage, des citoyens convaincus que le seul un protectionnisme nostalgique sauvera notre « modèle » (sic!) social…
Plus grave, sa portée politique sera limitée parce qu'il a les pieds et les mains liés avec les dogmatiques de son propre camp, avec les autres partis gauchistes et les écologiques qui l'ont soutenu, avec les collectivités territoriales dispendieuses (qui sont majoritairement à gauche faut-il le rappeler) et avec les syndicats qui ont démontré à quel point honteux, leur rôle n'est pas de défendre les « travailleurs » mais de faire de la politique partisane.
Les électeurs qui ont voté pour l'option du blocage plutôt que de la modernité —et beaucoup uniquement contre le président sortant—, vont déchanter rapidement. L'Europe est en voie de tiers-mondisation à cause de pays irresponsables, la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Italie, la France..., qui au mépris de la stabilité mondiale, ont préféré ignorer l'orthodoxie budgétaire pour la dépense à crédit. Pour répondre aux fantasmes des gauchistes français qui rêvent déjà de tirer des chèques en bois, Mario Draghi, le Président de la Banque Centrale Européenne, a rappelé qu'il n'était pas question de revenir sur la discipline imposée aux mauvais élèves qui doivent réduire leurs dépenses et « faciliter les activités des entrepreneurs » source d'emplois et de richesse, mais aussi « accroître la flexibilité, accroître la mobilité et, troisièmement, également accroître la justice sur le marché du travail ». Une réalité que ne veut pas voir le nouveau Président qui entend tout seul faire plier le monde entier avec ses fausses promesses! On en rirait si tout la n'était pas d'une extrême gravité
La France du déni et du dépit a décidé de ramer à rebours avec ce capitaine incertain, il n’est pas sûr qu’elle parvienne à remonter le courant, pas sûr du tout… Les citoyens responsables ont tout intérêt à porter leur gilet de sauvetage pendant ces cinq prochaines années pour ne pas couler avec ce Titanic!