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Terdav Trail World Tour, 14e étape: au revoir le Lot...

Publié le 06 mai 2012 par Sylvainbazin
Après avoir dîné bien agréablement hier soir en compagnie de Bernard, de sa fille Stéphanie, qui habite le même hameau de Peyremorte et tient un salon de coiffure dans la ville voisine, et même du dernier né de la famille (le gendre était parti pour un match de foot, il joue...), j'ai passé une nuit plutôt réparatrice avant de repartir de bon matin en compagnie de Bernard pour rejoindre Bouziès. Il nous faut environ 45 minutes pour rejoindre notre point d'arrivée de la veille, qui est bien entendu mon départ du jour. Le programme est d'ailleurs plutôt copieux: près de 60 kms pour atteindre Montcuq (le premier qui fait un jeu de mot douteux a un gage!). Je quitte Bernard vers 8h45 et reprend ma marche. Ces deux jours passés en sa compagnie furent vraiment agréables. Le jeu, ce matin, consiste à suivre une variante concoctée par Didier chez Chamina qui me fait longer le Lot au plus près tout en évitant la route, et donc m'amménera à Cahors assez vite, après seulement 26 kilomètres de chemin. Le parcours est agréable, un peu valloné encore, passe par un causse et me fait même grimper sur une voie ferrée désafectée. Pas bien facile de marcher entre les rails, mais l'exercice ne dure que quelques hectomètres. Ensuite, après une petite portion de route, je retrouve les chemins de halage et les bords du Lot. A un croisement, je retrouve l'une des randonneuse rencontrée à Espagnac. "Vous devez être surpris, me dit elle, avant de m'avouer qu'elle venait juste de démarrer du dernier village après avoir pris une voiture. "Je voulais être à Cahors ce soir" poursuit elle, avant de me préciser que ses compagnons, eux aussi effrayés par le dénivelé et la technicité des sentiers du Célé, ont préferer marcher le long de la route. Chacun fait comme il veut mais ils ont raté là une belle variante... Quelques écluses plus loin, où je peux constater que le courant est plutôt fort et le niveau bien gonflé par les pluies, je suis déjà aux abords immédiats de la ville. Je longe quelques cultures, sur des chemins bien gras, puis des jardins ouvriers, avant de rentrer dans Cahors. Ce sera bien entendu ma halte du jour. Simon Delmas, un trailer connu via Facebook, m'a gentiment invité à déjeuner. Il me régale d'un poulet fermier au riz au curry (avec lequel je manque de m'étrangler, mais il n'y est pour rien!) et de bons fromages. Simon court des trails depuis quelques années et a notamment rencontré mon ami Christophe Le Saux en Guyane. Autour d'un thé à la menthe, nous parlons du Maroc, un pays où il pense aller s'installer et que je commence à bien connaitre. Avec sa femme, ils sont convertis à l'islam et supportent de moins en moins bien l'intolérance de leurs voisins. Je repars et fais un petit tour dans la ville avant d'emprunter le pont St où se trouve une petite maison tenue par quelques dames pour l'accueil des pélerins. Elles m'offrent une tasse de café et des gâteaux, en m'indiquant l'itinéraire. Elles sont bien entendu surprises par l'ampleur de mes étapes, je commence à y être habitué. Après avoir apprécié ces hospitalités musulmanes et chrétiennes, je reprends ma marche et quitte la ville par un autre pont, fortifié et du plus bel aspect avec ses tourelles. Le chemin me conduit ensuite en pente raide vers un belvédère qui domine la ville. La suite est moins belle: je longe un bon moment une route sans attraits, puis emprunte des chemins vicinaux à travers une forêt plantée d'arbres d'une taille timide. Dans ces longues portions, mon esprit s'évade parfois, puis je suis rappelé à la réalité de ma marche par une averse. Il pleut en effet par intermittence depuis le matin. Je profite souvent des averses pour accélérer le pas ou même courir. Je risque en effet d'arriver assez tard à Montcuq, puisqu'il me reste près de 30 kilomètres à parcourir. Sans vraiment trouver le temps long, ni me sentir mollir (les jambes vont bien aujourd'hui. Hier soir j'ai senti une légère faiblesse mais une alimentation bien riche m'a semble t il requinqué), je passe tout de même du temps sur le chemin. A 18h, un coup de téléphone et un email m'annoncent en simultané le résultat des éléctions. Et oui, au lieu de voter j'ai marché dans cette France presque suspendue aux résultats du vote ce dimanche 6 mai. J'ai certes croisé quelques bureaux de vote, à peine regretté de ne pas participer au scrutin (une allemande rencontrée à Massip m'a appris qu'en Allemagne on pouvait voter par correspondance, cela me parait bien plus adapté à nos vies modernes que cet archaïque système de procuration) mais si je n'avais pas su que l'on votait aujourd'hui, je ne m'en serait pas rendu compte. Dans les derniers kilomètres, je retrouve une très belle campagne vallonée, et longe de paisibles champs de blé et de colza, parsemés parfois de coquelicots. La France que je traverse depuis quinze jours me parait tellement calme et préservées, loin des peurs et des crises... J'arrive enfin à Montcuq. Dans le gîte, où m'attend un bon dîner qu'on a mis de côté pour mon arrivée un peu tardive (20h), aucune télévision. Les randonneurs dorment presque déjà. J'entends juste un ou deux commentaires sur les élections, les patrons qui parlent de défaite, et des jeunes, qui se réjouissent au contraire. En tous, bien décalé de cette actualité mais en la suivant tout de même, j'ai passé un beau dimanche de printemps dans une France qui ne me parait pas aller si mal que ça... Je terminerai bien en chanson, par le temps des cerises, bien que je ne suis pas sûr du tout qu'il soit vraiment revenu ni même qu'il revienne vraiment en jour, en politique en tous cas...

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