Père et fils ont continué le chemin de l'art et du violon oriental . C'est la famille Alfarissi, de ma ville de Safi, au Maroc . Le père Farisse Mohamed est l'une des sources de la musique orientale à Safi, avec ses deux fils Kamel et Youssef .
Trois musiciens , trois violoniste de musique orientale . Un orchestre qui est complet pour animer les grandes soirées .
Farisse Mohamed est mon premier professeur d'oud et de chant oriental . Un grand érudit des gammes et des formes .
Sa méthode d'apprentissage était approfondie avec de fortes sources , d'après son expérience .
Des gammes de l'Orient , samaai très anciens et traditionnels , des chant de mouachah de Halab en Syrie et d'autres pays arabes ... Des chants classiques de l'Orient et des chants modernes marocains . S'y ajoute la connaissance des gammes de la musique arabo-andalouse et ses rythmes .
Farisse Mohamed avait une double fonction, celle de professeur à l'école de formation des instituteurs et l'autre de professeur de musique au Conservatoire de Safi, Maroc .
Quand je l'ai rencontré la première fois, il avait plus de quarante ans de musique . Il était directeur et responsable du Conservatoire de musique et de danse de Safi . Un homme très gentil qui recevait ses visiteurs avec la délicatesse et la diplomatie d'un grand artiste .
Il donnait les cours d'oud, de violon et aussi de rythmes orientaux . Comme il enseignait aussi le solfège pour permettre à ses élèves de bien préciser leurs phrases de musique et bien comprendre les partitions de la musique traditionnelle, celles que l' on peut pas avoir à l'écoute .
Ma rencontre avec lui s'est faite dans une grande maison à l'ancienne médina de Safi , celle qu' on appelle " Dar Abacha " . Une maison qui porte sur ses murs et dans sa construction ce qu'elle était dans l'hisoire éloignée mais aussi proche : le Bacha de Safi y jugeait les inculpés et les plaintes déposées par les citoyens de la ville .
En 1980 , ses fils Kamel et Youssef étaient deux grands musiciens et des spécialistes du violon oriental . J' avais de la chance, dès mes débuts, d'assister aux répétitions de l'orchestre du Conservatoire et du rectorat de la ville . Car j'étais accepté , débutant, comme un membre de chorale grâce à ma voix . Ensuite comme percussionniste de rythmes orientaux au darbouka . Cette participation était pour moi une grande base pour l'apprentissage de l'oud .
J'ai eu l'honneur d'avoir été interpellé par lui quelques mois avant sa mort par le biais d'un de mes élèves de musique à l'école primaire Atenchia . Cet élève était aussi le sien dans des cours privés de violon. Quand le professeur a entendu parler de la musique orientale et de mouachah , il a su que c'était moi, un de ces anciens élèves qui enseignait .
Il a compris que je poursuivais sa mission dans la formation musicale des jeunes .
Il a souhaité me rencontrer et -malheureusement- c'est la dernière fois que je l'ai vu chez lui , dans son atelier de travail .Tel un discours d'adieu . Que Dieu reçoive son âme au Paradis .
En arrivant au Conservatoire à ce moment- là Kemel Alfarissi et Youssef Alfarissi ont été des musiciens connus dans leur domaine et ils ont participé à des centaines voire des milliers de spectacles régionaux et aussi nationaux .
Deux grands homme qui exercent , comme leur père , deux professions : insituteurs et musiciens . Deux grands hommes qui ne comptent pas les heures ni les sacrifices pour s'améliorer et être à la disposition de leur musique et de leur nation .
Des spectacles aux associationsavec leur aide . Des spectacles pour les responsables de l'administration régionale et nationale .Des grands homme qui ne demandent jamais rien et en même temps qui n'ont jamais rien reçu de la part des responsable, même pas de l'aide pour acheter des instruments ou bénéficier de lieux de répétitions ou d'autres aides comme c'est le cas dans les domaines artistiques au Maroc ou dans le monde .
Deux grands hommes qui travaillent en silence, qui construisent des générations sans montrer la souffrance de la vie quotidienne et des besoins de la vie .
Après la mort de leur père , mon premier professeur de l'oud Mohamed Alfarissi , ils ont continué le chemin et la tradition de la famille , en allumant et portant le flambeau de la musique orientale dans la ville de Safi et aussi dans les autres villes du Maroc où ils sont invités .
Je me souviens de cette expérience avec eux , avec l'orchestre du Rectorat de Safi , avec l'orchestre de l'office national des phosphates O.N.F , avec l'orchestre régional de la musique orientale moderne et aussi des spectacles de groupe pour des événements privés et des mariages .
La participation, aussi, à des spectacles et des animations à la radio-télévision . Les archives sont pleines de souvenirs: les archives personnelles des associations dans la région de Safi . Telles l'Association des Avocats , l'Association des Médecins , l'Association internationale du Rotary Club . Les fêtes nationales avec la préfecture de Safi et dans les tibunaux , des spectacles pour les juges .
Deux frères qui ont des connaissances de la civilisation et de la culture et qui sont deux sources importantes, sont oubliés et négligés , comme l'a été leur père Farisse MOhamed . Comme c'estle cas pour tous les artistes et les musiciens au Maroc . On t'appelle quand on a besoin de toi , et on te connait plus quand on n'a plus besoin de toi .
Une souffrance que vivent les artistes , surtout dans un pays où il n' y a pas de sécurité de vie sociale pour les artistes. Quand ils arrivent à l'âge de la retraite, ils se trouvent oubliés dans la rue , sans avoir le moindre revenu pour acheter des médicament ou survivre à la maladie et aux difficultés de la vie ,pour eux et leurs familles .
Je me demande quand la situation des artistes changera au Maroc .
Je vous présente aujourd'hui l'orchestre de mouachahat de Safi , dans un spectacle à la radio télévision du Maroc avec la participation des deux violonistes, les frère Kamel et Youssef Farissi , qui sont à droite du joueur de Kanoune . Ils sont toujours fidèles à leurs idée et au chemin tracé par leur père . Un grand sacrifice de soi pour faire vivre la musique orientale à Safi et au Maroc .
Avec aussi un grand hommage à mon ami Lahssen Ben Brahim et sa famille qui étaient et qui sont toujours dans la barque de ce grand orchestre de la musique orientale, l' orchestre régional de la musique orientale" dans lequel j'ai de très beaux souvenir avant mon départ en France .
Je vis toujours avec ces bonheurs du passé . Merci encore .
Abdelkarim Belkassem
Abdelkarim Belkassem
Rouen, France - Safi, Maroc