J’en avais une énorme envie. J’attendais ce moment depuis si longtemps, à ressasser sans relâche cette phrase célèbre du président à l’endroit d’un quidam l’invitant avec rudesse de partir séance tenante. Elle résonnait depuis 5 ans dans ma tête. Je m’étais juré de la crier au monde, de l’expulser au plus loin le jour venu. Il est 20 heures passé d’une minute. Le verdict est tombé et je n’ai rien dis. Je suis étonnement calme, presque serein. Ma télévision est déjà éteinte. Je n’ai aucune envie d’entendre les gémissements des vaincus expliquer l’inexplicable… Je m’apprête à descendre dans la rue avec ma bouteille de champagne.
Je ne veux rien entendre du bruit qui a suivi la chute du grand maître. J’en connais déjà toute la teneur : Morano, Copé, et tous les clowns de l’UMP vont se présenter tel le Caliméro moyen, argumentant que ce n’est toujours pas de leur faute, que la crise a rendu leur tâche difficile, et que les français n’ont pas compris l’action salvatrice de ce président dont les effets bénéfiques se produiront sur un terme plus long… Bien sûr, la crise… Il n’ont toujours rien appris. Aucune humilité, aucune remise en cause. La crise, ils ne l’ont subie en aucune façon puisqu’ils l’ont entièrement provoqué et favorisé par toutes leurs décisions. Ils n’ont fait que s’en servir quotidiennement pour remettre en cause les fondement et les protections de notre société en pensant que cela ne se verrait pas. C’est raté.
La sanction est là. Le peuple s’est exprimé souverainement. Sarkozy, c’est fini. Lui a perdu gros. Les protections vont bien vite tomber, faisant sortir des placards les dossiers Karachi, les financements occultes de campagnes, les cadeaux démesurés aux copains et les petits arrangements avec des dictateurs… Le costume était trop grand pour lui, trop occupé à utiliser la fonction et le pouvoir attaché à se venger de tous ceux qui ne lui ont pas apporté un soutien inconditionnel. Je suis sûr que, même dans son camp, pas mal de personnes doivent être soulagées.
Je me rappelle de la liesse de 1981. Je n’avais pas 18 ans, et tout cela me passait bien haut par dessus la tête. Ce soir, je pars avec ma bouteille et ma femme sous le bras (ou l’inverse) fêter, non la la victoire de Hollande, mais bien l’éviction de Sarkozy. Je veux dire le licenciement, pour faute professionnelle. Viré, comme un vulgaire ouvrier. Et je m’en réjouis.
A très bientôt…