Au sortir de ses années d'addiction, Davis a contracté une dette auprès de Mingus, qui lui avait prêté de l'argent pour acheter ses doses d'héroine. Celui-ci lui demande d'enregistrer gratuitement un album pour son nouveau label Debut records. En 1955, Davis est une figure célèbre du Cool Jazz, et Mingus, visiblement veut exploiter le filon. On aura droit à un quintette, mais en lieu et place du piano, ce sera un vibraphone ! Le saxophone ténor, lui, sera remplacé par les rondeurs du trombone. La sonorité et les silences de Miles, ainsi que l'archet de Mingus, plutôt connu pour son pizzicato vigoureux, feront le reste.
"Alone together" change de registre et exprime le versant insouciant et West Coast du cool , tandis que "There's no you" nous plonge dans une parfaite plénitude, du genre de celle qu'on retrouvera avec le thème de "Freddie Freeloader" sur Kind of Blue. Ces morceaux obéissent à une structure plus classique, où chaque instrument prend un solo. Le solo du trombone, Britt Woodman, tromboniste d'Ellington, est un bijou de nonchalance, tout droit sortie de la moiteur des jungles ellingtoniennes. Le dernier titre "Easy living" renoue avec le registre méditatif et enchante une dernière fois par cette science du silence et du non-dit.
En bref : Quatre perles définitives de Cool Jazz à écouter toutes affaires cessantes. Celui qui y reste insensible peut retourner à ses vaines occupations.
Nature boy :