Le racisme, c’est ce qui tente de justifier l’arrogance bête des dominants ; ce qui rassure les minables sur leur (prétendue) propre « valeur ».
On parle d’ « humanisme » mais n’est-il pas vrai que tous les nantis d’Occident (riches, middle class people et même intellectuels « éclairés » à la pointe de la pensée moderne) sont sur le même bateau dès lors qu’il s’agit de la peur, du mépris ou de la quasi-totale indifférence que leur inspirent les classes populaires et le Tiers-Monde, dont un gouffre les sépare ?
Comme on déteste facilement ceux à qui l’on a causé du tort !
On leur trouve tous les péchés d’Israël pour justifier – a posteriori – toutes les agressions et tous les rabaissements qu’on leur a infligé. Bonne conscience et tranquillité d’esprit s’en tirent de la sorte à bon compte.
Ainsi, l’Amérindien, l’Aborigène d’Australie, le Maori de Nouvelle-Zélande, l’Africain, le ressortissant des pays du Sud sont-ils l’objet de la détestation bien commode de l’Homme Blanc.
Ainsi, le déshérité, l’humble s’attirent-t-il la stigmatisation et la répulsion du nanti.
Ainsi la femme se trouve-t-elle être en butte à la misogynie.
Ainsi le souffre-douleur est-il haï pour la raison même qu’il est un souffre-douleur.
La mort (du moins lorsqu’elle est naturelle) n’est qu’une fatigue, une usure du corps poussée à l’extrême de l’extrême.
S’identifie-t-on à l’autre parce qu’on le prend réellement en compte ou bien plutôt parce qu’en fin de compte, on ramène tout à soi ?
Bien des écrivains français, on le sait, vivent dans « l’angoisse de la page blanche ». Aussi voient-ils souvent très mal leurs confrères qui ont le malheur d’être affligés d’un débordement d’inspiration, de fécondité littéraire.
Ils tentent tout aussi fréquemment de leur faire payer leur aisance en les déconsidérant, en les déclarant « pisse-copie » écœurants de prolixité ; ils lèvent le nez, prennent volontiers des mines dédaigneuses et, la bouche pincée, plus serrée qu’un croupion de poule, leur opposent toute la hauteur de leurs attitudes élitistes ; ils se drapent dans un culte outragé de l’ « économie de mots », de la qualité qui primerait sur la quantité, de la constipation verbale.
Laissons-les faire…leurs oukases préconisant la « sobriété » et la rareté cachent plus souvent qu’à leur tour une importante blessure d’orgueil.
Opposons notre liberté à leur « police de l’écriture » !
Quant à la « postérité », elle retiendra ce qu’elle voudra bien retenir, et le bonheur d’écrire est une jouissance purement présente, une joie brute, un peu analogue à celle d’un enfant qui trifouille de la pâte à modeler, ou qui construit des pâtés de sable. Quoi qu’on en dise, rien ne vaut le bonheur, le soleil immédiat des mots qui se donnent à nous !
P. Laranco