Après Zeitoun, on se prend à douter de tout, y compris des mécanismes apparemment les mieux huilés de la société.De toute manière, même avec beaucoup d'huile dans les rouages, il est toujours possible de les gripper. La preuve par Bartleby, de Melville, une fois encore de retour au rayon des nouveautés. Impossible de s'en lasser. Je ne le lis pas chaque fois que paraît une nouvelle édition, mais chaque nouvelle édition est une occasion, et je la saisis parfois. Cette fois-ci, par exemple, toujours séduit par la résistance absolue qu'oppose le scribe aux ordres qu'il reçoit. Bartleby, ou l'exemple du révolutionnaire tranquille et radical...Ce n'est pas la catégorie dans laquelle je rangerais François Mitterrand, que je retrouve dans ses entretiens avec Marguerite Duras avec Le bureau de poste de la rue Dupin, allusion à un épisode de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle les deux interlocuteurs appartenaient à la Résistance. Les cinq conversations sont d'une absolue liberté - comment en serait-il autrement avec Marguerite Duras, dont l'esprit aimait à vagabonder d'un sujet à l'autre?Vagabonds dans l'âme, les personnages de L'échappée belle, d'Anna Gavalda, le sont aussi. Ils ont beau être adultes, ils ne font pas vraiment ce qu'on attend d'eux lors du mariage auquel ils ont été invités. Un des frères n'est pas venu, l'autre et leurs deux sœurs vont le rejoindre pour une journée pleine de fantaisie au cours de laquelle ils retrouvent leur complicité d'enfants, parenthèse provisoire dans des vies plus responsables.Quoi d'autre? Oui, un bon polar historique, Le royaume des Voleurs, de William Ryan, où l'inspecteur Korolev est partagé entre une enquête criminelle et la surveillance qu'il doit exercer en permanence sur ses moindres actes, sur ses paroles les plus anodines. Nous sommes à Moscou, en 1936, et l'atmosphère est lourde, très lourde.J'ai gardé pour la fin un petit bijou, Noces de sel. Maxence Fermine nous transporte à Aigues-Mortes, dans une journée à la fin de laquelle un homme doit mourir. Il est jeune, il n'a pas mérité ça. Mais c'est, d'une certaine manière, sa décision. Je dis: d'une certaine manière, parce qu'il n'est pas responsable de ce qui a précédé et de quoi découlent les événements de ce roman bref en forme de coup de poing. On en sort sonné.
Après Zeitoun, on se prend à douter de tout, y compris des mécanismes apparemment les mieux huilés de la société.De toute manière, même avec beaucoup d'huile dans les rouages, il est toujours possible de les gripper. La preuve par Bartleby, de Melville, une fois encore de retour au rayon des nouveautés. Impossible de s'en lasser. Je ne le lis pas chaque fois que paraît une nouvelle édition, mais chaque nouvelle édition est une occasion, et je la saisis parfois. Cette fois-ci, par exemple, toujours séduit par la résistance absolue qu'oppose le scribe aux ordres qu'il reçoit. Bartleby, ou l'exemple du révolutionnaire tranquille et radical...Ce n'est pas la catégorie dans laquelle je rangerais François Mitterrand, que je retrouve dans ses entretiens avec Marguerite Duras avec Le bureau de poste de la rue Dupin, allusion à un épisode de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle les deux interlocuteurs appartenaient à la Résistance. Les cinq conversations sont d'une absolue liberté - comment en serait-il autrement avec Marguerite Duras, dont l'esprit aimait à vagabonder d'un sujet à l'autre?Vagabonds dans l'âme, les personnages de L'échappée belle, d'Anna Gavalda, le sont aussi. Ils ont beau être adultes, ils ne font pas vraiment ce qu'on attend d'eux lors du mariage auquel ils ont été invités. Un des frères n'est pas venu, l'autre et leurs deux sœurs vont le rejoindre pour une journée pleine de fantaisie au cours de laquelle ils retrouvent leur complicité d'enfants, parenthèse provisoire dans des vies plus responsables.Quoi d'autre? Oui, un bon polar historique, Le royaume des Voleurs, de William Ryan, où l'inspecteur Korolev est partagé entre une enquête criminelle et la surveillance qu'il doit exercer en permanence sur ses moindres actes, sur ses paroles les plus anodines. Nous sommes à Moscou, en 1936, et l'atmosphère est lourde, très lourde.J'ai gardé pour la fin un petit bijou, Noces de sel. Maxence Fermine nous transporte à Aigues-Mortes, dans une journée à la fin de laquelle un homme doit mourir. Il est jeune, il n'a pas mérité ça. Mais c'est, d'une certaine manière, sa décision. Je dis: d'une certaine manière, parce qu'il n'est pas responsable de ce qui a précédé et de quoi découlent les événements de ce roman bref en forme de coup de poing. On en sort sonné.