Les proches du chef de l’Etat l’annoncent depuis plusieurs jours : le résultat du second tour de l’élection présidentielle est très serré et crée déjà la surprise dimanche soir. En vertu de méthodes de calcul développées à l’Université de Floride - Miami Dade, il est en effet scientifiquement impossible que le candidat-président atteigne moins de 50,2% des suffrages. On s’attend à ce que le camp socialiste reconnaisse sa défaite dans les toutes prochaines minutes.
Peu relayée par des media inféodés aux riches amis de M. Hollande, une petite phrase de M. Sarkozy est pourtant cruciale pour comprendre le tremblement de terre survenu demain : cette élection est la première du XXIe siècle.
Une allusion non voilée, quoique colorée par la licence poétique, à la première élection présidentielle majeure de juste avant le XXIe siècle : celle de George W. Bush en novembre 2000, lors de laquelle il l’avait emporté par quelques milliers de voix à peine.
L’image est pertinente à double titre.
Le choc politique, tout d’abord. Personne parmi les sympathisants de M. Hollande ne voudra en croire ses yeux, ce qui est de bonne guerre, et l’on criera peut-être à l’imposture. A droite, cependant, où l’on sait garder la tête froide et où l’on a pour les chiffres un profond respect, le résultat du scrutin ne souffrira pas de discussion : « c’est comme ça » nous a ainsi assuré M. Guéant. « Vous n’accuseriez pas le ministère de l’Intérieur de manipuler les chiffres ? »
Autre point commun entre l’élection de George W. Bush et la réélection de Nicolas Sarkozy : l’utilisation de machines à voter électroniques.
Comme dans de nombreux autres secteurs, la démocratie a su profiter des progrès de l’automatisation pour atteindre des résultats beaucoup plus performants que lorsque la procédure était manuelle.
Il arrive en effet que l’électeur se sente fébrile au moment de glisser son bulletin dans l’enveloppe et se trompe, ou encore qu’il dépose sur celui-ci des traces de couscous, rendant son vote nul. La machine à voter électronique pallie ces problèmes en adaptant les résultats perçus au moyen d’un algorithme représentant au mieux les choix idéaux de la population française.
A titre d’exemple, le site Numerama.com cite un taux de correction effective des voix mal exprimées dans 17 à 18% des bureaux de votes électronisés. Toujours selon Numerama, de 1,3 à 1,5 millions d’électeurs sont concernés cette année par le vote électronique.
Si l’on table sur un taux d’abstention très légèrement supérieur à celui du premier tour, 140000 voix seulement ont permis à Nicolas Sarkozy de l’emporter demain sur François Hollande, soit 10% des électeurs votant sur des machines.
Un chiffre réaliste, qui correspond à peu de choses près à la proportion d’électeurs susceptibles de changer d’avis après coup, quand ils apprendront que François Hollande souhaite mettre des bébés dans les bras des pédés et permettre à Fayçal d’élire son conseiller municipal.
En ce sens, la correction automatique du vote électronique permet donc de respecter la volonté profonde des Français.
Cette correction automatique n’est pas prise à la légère par les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur (un des rares corps intermédiaires consciencieux, ndlr).
Après de longues recherches, il a été décidé d’établir le score de demain à partir d’une étude éprouvée : le modèle mathématique d’ElectionScope.
« Ce modèle n’a jamais été pris en défaut depuis la fin des années 90, » explique Helmut von Scheisseswetter, analyste politico-économique, « soit pour la réélection de Jacques Chirac en 2002 et lors du duel Sarkozy-Royal de 2007. » - un palmarès en effet impressionnant.
On concède Place Beauvau que le score peut sembler assez bas, mais qu’il faut néanmoins prendre en compte la crise économique qui frappe le monde depuis 2008. Celle-ci rendrait concevable un léger effritement des voix pro-sarkozystes depuis 2007. « Considérez l’Espagne, par exemple : entre 2008 et 2011 le taux de chômage est passé de 11,3 à 24,4%, le PSOE perd 15% des voix. Ici on est passés de 8,1 à 9,8, donc ouais, 50,2% c’est raisonnable. »
On compte quoiqu’il en soit à l’UMP sur l’antériorité Google des articles citant l’estimation ElectionScope pour parer à toute accusation de fraude : « Si des journalistes, qui sont notoirement de gauche, disent que le modèle ne s’est jamais trompé, nous sommes blindés. Qui oserait aller contre la science ? »
Marc Vasseur, un blogueur gauchiste, et non des moindres, a lui aussi reconnu il y a quelques jours cette magnifique victoire de Nicolas Sarkozy.
Une leçon d’humilité dont ferait bien de s’inspirer le camp socialiste avant et après l’officialisation des résultats demain soir.