- Le synopsis :
2065. Après une guerre qui a plongé le monde dans le chaos, le Guide Suprême a pris le commandement de la dernière Cité. Ce refuge, ceinturé d’une muraille fortifiée, est organisé en différentes castes : de A à D, des citoyens Admirables aux citoyens Déviants. Pour préserver l’harmonie, tous ont subi une lobotomie. C’est la garantie qu’ils n’agiront jamais contre le Système et respecteront les Sentiments, le livre qui régit leur moralité. Et surtout qu’ils ne s’aventureront pas hors de l’enceinte, chez les Damnés – ces odieuses créatures qui hantent la nuit de leurs cris inhumains…
Evie, 16 ans, une B, travaille pour le gouvernement et étiquette d’une lettre, jour après jour, l’ensemble des habitants. Promise à Lucas, être froid et distant, parfait A et futur haut dirigeant, elle est en fait amoureuse de son frère Raffy, infréquentable D. Et quand le Système lui ordonne de bannir Raffy sur les terres des Damnés, elle refuse de s’exécuter. Elle trouve un soutien inattendu en la personne de Lucas. Auront-ils la force de s’opposer, ensemble, à la Cité ?
- Mes impressions :
Depuis Hunger Games, je dois avouer que je me laisse facilement tenter par toutes les dystopies qui font leur apparition en librairie, et Sentiment 26 est de celles-là. J'avais bien aimé le style de Gemma Malley, une auteure que j'ai découvert récemment avec La Déclaration. J'ai retrouvé dans Sentiment 26 des similitudes dans la construction du récit et dans celle des différents personnages, notamment l'héroïne et le "méchant".
Le point positif là-dedans, c'est qu'une fois de plus, l'univers est cohérent, et on sent que l'auteure a pensé à tout lorsqu'elle l'a conçu puis mis en scène dans son roman. L'écriture est bien pensée, et on se concentre vraiment sur la société décrite par l'auteure, comment ses créateurs l'avaient imaginée, comment ça a dégénéré, les conséquences sur la vie des personnages dans et hors de la Cité. Malgré tout, j'ai eu du mal à accrocher avec l'univers parce que j'ai eu un sentiment persistant de déjà vu, notamment le système d'étiquetage qui ressemble à celui du Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley. Et aussi un peu à celui de Divergent de Veronica Roth. Un mélange des deux en fait. Du coup, je n'ai pas vu d'originalité dans le concept. L'histoire de l'amygdale qui est responsable de la violence chez les hommes, ça m'a aussi fait penser à plusieurs thrillers que j'ai lu.
Bref, j'ai eu un peu de mal à adhérer à l'univers, bien qu'il soit cohérent et recherché. Au niveau des personnages, ils sont un peu plus ambigus que dans La Déclaration, et c'est tant mieux. D'ailleurs on sent bien que dans le prochain tome, certains personnages vont révéler leur vraie personnalité et retourner leur veste... Malgré tout, il y a toujours une sorte de naïveté dans l'écriture de l'auteure, quelque chose qui m'empêche d'apprécier pleinement ses personnages. Il manque quelque chose, la petite étincelle qui fait que le lecteur va ressentir pleinement toutes les émotions des personnages, qu'il va être surpris par les événements, qu'il va lire avec avidité jusqu'à trouver des réponses à ses questions. Là... rien, tout simplement rien. J'ai eu le cœur froid tout du long, d'où ma déception par rapport à ce livre et mon regard assez critique sur l'histoire et les personnages.
Peut-être que l'univers de l'auteure est justement trop bien construit, ses personnages sont pour l'instant encore trop lisses pour réellement me plaire, il n'y a pas de surprise. Peut-être aussi que l'auteure veut toujours tout expliquer à son lectorat, et ça retire de l'intérêt au livre, car c'est bon aussi quand l'auteur laisse des zones d'ombres pour qu'on puisse s'interroger, faire marcher notre imagination, échafauder des théories et au final, être souvent surpris de la tournure des événements.
Ici, l'auteure s'attache à nous montrer en détail comment fonctionne le système et à quel point l'héroïne est tiraillée entre son obéissance à ce système et ses instincts qui la poussent à faire et penser à des choses interdites. Cette description de l'univers prend environ la moitié du livre, il faut donc attendre 150 pages avant qu'un événement perturbateur ne vienne chambouler l'ordre établi, et la 4ème de couverture nous le révèle déjà... Donc où est la surprise ?
La seconde partie du livre est également trop lente à mon sens car elle nous apprend très peu de choses et ne fait que ressasser les interrogations de l'héroïne. Dommage, on sent que l'auteure a bien réfléchi à tout ça avant de l'écrire, mais ça manque vraiment d'un petit plus pour en faire une lecture alliant plaisir et sujets plus sérieux relatifs à la dystopie.
- Ce qu'il faut retenir :
Gemma Malley nous offre dans cette nouvelle trilogie un univers dystopique cohérent et bien pensé. Les personnages sont plus ambigus que dans La Déclaration, mais je regrette malgré tout la naïveté et la timidité qui collent à la peau de l'héroïne. J'ai également été déçue par le manque de surprise et de retournements de situation, d'autant plus que l'intrigue est longue à se mettre en place et qu'il se passe finalement très peu de choses dans ce tome.
J'ai donc eu du mal à adhérer à ce roman, dont certains aspects m'ont fait penser à d'autres dystopies, et qui ne parvient pas à véhiculer d'émotions fortes selon moi. Tout ça est bien pensé et bien écrit, mais n'a pas fait naître la petite étincelle en moi, celle qui change tout et transforme un simple roman en un véritable voyage alliant plaisir et réflexion.
Mouais… Trolle n’est pas super emballée