Le premier est électoral. Pour que ce scénario se réalise, il faudrait que le FN ait suffisamment de députés au Parlement pour être autre chose qu'une force d'invective. Or, cela n'est pas gagné : du fait du système électoral d'abord qui suppose que les voix de droite se reportent au second tour sur ses candidats, ce qui est peu probable dans l'immédiat, du fait, ensuite du comportement de ses électeurs qui s'abstiennent massivement; Lorsque l'on regarde les résultats des législatives dans les villes qui ont mis Marine Le Pen en tête au premier tour, on ne peut qu'être frappé 1) par le taux très élevé de l'abstention (47% à Saint-Gilles dans le Gard, 40% à Vauvert, entre 40 et 50% dans les communes de Moselle) et le faible score du candidat lorsqu'il y en a un. A Saint-Gilles, Vauvert ou Saint d'Aigouze, c'est le candidat socialiste qui est à chaque fois arrivé en tête, et nettement, en 2007. Pour que les résultats aux prochaines législatives soient vraiment différent il faudrait que les électeurs qui ont voté Marine Le Pen au premier tour 1) se déplacent et, 2) choisissent un candidat FN qu'ils ne connaissent pas, qui n'a pas de soutiens militants locaux organisés, quand ses adversaires de "l'establishment" sont bien implantés, présents depuis longtemps dans ces circonscriptions, dans les mairies, les conseils généraux et régionaux.
Le second est politique. Le FN a dans les départements dans lesquels Marine Le Pen est arrivée en tête en face de lui des candidats de droite très proches de ses positions. C'est dans le Sud-Est que l'on trouve le plus de membres de la droite populaire. Ils développeront dans cette campagne les mêmes thèmes qu'eux et tous les candidats UMP qui auront observé dans leur circonscription la montée du FN seront tentés de faire de même. Les électeurs UMP partis du coté du FN pourront se dire qu'ils ont été entendus…
Pour tous ces motifs l'UMP devrait résister à la tentation de s'allier avec ce colosse au pieds d'argile qu'est le FN. Mais ses députés, revenus dans l'opposition, ne résisteront pas au plaisir de reprendre et développer ses thématiques sur l'immigration, le protectionnisme, la sécurité… suscitant malaise à sa gauche, chez ses centristes qui pourraient être tentés de prendre des distances et de rejoindre, plus ou moins rapidement, cette formation centriste que François Bayrou tente de construire. Si l'UMP se casse, ce sera sur sa gauche et non sur sa droite.