En ces temps où plusieurs nations se dotent de nouveaux dirigeants (Grèce, France et très vite USA), on balance entre le sentiment que rien ne va fondamentalement changer, tant il est vrai que les révolutions sont rares, et celui où chacun ressent un profond besoin de changements, dans des sens parfois diamétralement opposés, en sachant parfaitement que le coût en sera élevé.
Bon : on va laisser à Giesbert, Attali, Adler, Barbier et autres pontes du commentaire politique les éditos circonstanciés qu'ils ne vont pas manquer de nous abreuver ici et là.
Le monde du vin
Probablement plus anxieux de suivre les météos qui annoncent de la grèle sur certains vignobles que les paris londoniens sur qui va gagner dimanche, les producteurs étudient de plus en plus les nouveaux circuits commerciaux créés par l'internet, capables de vous vendre en 48 heures plusieurs milliers de bouteilles d'un cru, pour autant qu'il soit intelligemment annoncé comme "bonne et rare affaire". Si CDISCOUNT a été un des premiers à intervenir dans ce secteur, d'autres comme "ventesprivées.com" cherchent à cibler un peu plus l'amateur informé. Dans le haut de gamme, le frein majeur à un tel développement va très vite se faire sentir : des volumes ridicules et surtout le souci de ces producteurs de référence de ne pas heurter leurs acheteurs classiques.
Mais il doit être évident pour chacun que c'est dans la distribution qu'on connaîtra dans les prochaines années les changements les plus importants. Si la logistique à mettre en place ne peut être envisagée que par des groupes aux moyens financiers puissants, gageons que quelques grands noms de négociants sauteront un jour le pas et se lanceront dans la vente directe par internet.
Les sans-soufre
Je n'avais pas remarqué (ce doit être sur quelques cuvées seulement ?) que "Première Vendange"' millésime 2010 d'Henri Marionnet avait une contre étiquette mentionnant le fait qu'il s'agissait d'une cuvée sans soufre. Quel beau vin ! Si effectivement il est possible de produire de tels crus sans adjonction de soufre, allons-y ! D'autant plus qu'ici, on parle d'un gamay qui n'a pas besoin (euphémisme) de décennies pour vous offrir son fruit, son équilibre, sa belle matière; bref : vous donner du plaisir. Dans la gamme des vins de ce domaine en Touraine, c'est certainement là le meilleur RQP. Commandez en fissa : il ne doit plus en rester beaucoup ! Notation ? Plaisir, niveau 3 !
Lectures
Avez vous, comme cela, des fixations sur un auteur après avoir lu un livre qui vous a beaucoup plu ? En ce moment, pour avoir relu en avion L'Alternative du Diable de Frédérick Forsyth, j'ai continué sur cet auteur briton (Chacal : c'est de lui) avec Cobra et l'Afghan. Etonnant comme les environnements sont détaillés, explicités, fouillés. Voilà un écrivain qui doit faire des recherches comme peu d'autres en font. L'écriture est vive, précise, concise avec chaque fois, une conclusion de chapitre qui vous interdit de ne pas poursuivre votre lecture. Plus qu'agréable. Bon, c'est pas du Maupassant ou du Gide, mais ça délasse et ça cultive (si, si), et c'est bien là ce qu'on lui demande.
Cinéma
Vu deux films récents qu'on ne peut que recommander chaudement. Margin Call, d'un réalisme inouï sur les zeus de la finance à Wall Street, avec une explication affolante de ce qui s'est passé mais surtout en nous montrant que c'est parfaitement renouvelable et que cela va encore nous tomber dessus un de ces jours, tant les politiques ont été et sont incapables de mettre en place ce qu'il faut pour empêcher ces débordements inscrits dans les gènes de ce système financier dont le seul but est de générer pour quelques uns, des revenus qu'on ne peut que qualifier d'indécents.
Dans un tout autre registre, mais à voir avec une égale ferveur, Barbara qui est une peinture à la fois pudique et réaliste de l'Allemagne de l'Est des années 80. Entre cette Stasi omni-présente, ces pneus de vélo qu'on répare dans une baignoire, ces paysages sans affiches publicitaires, ces gens tristes qui se méfient, qui dénoncent, qui rêvent d'un ailleurs si lointain et si proche, vous apprendrez beaucoup sur cette page d'histoire européenne, heureusement refermée maintenant.
Gastronomie
Que les choses soient claires ! Si vous donnez quelque crédit à ce crétin de classement des meilleurs restaurants au monde (je n'ai rien contre ce danois qui doit être certainement intéressant), c'est proche du lamentable. D'abord, de tels classements sont particulièrement vains, tant le succès d'un repas dépend non seulement du cuisinier mais aussi des convives. Ensuite, avec un sectarisme totalement assumé, ne pas voir Troisgros en haut de l'affiche démontre une servilité grave pour l'esbroufe et/ou une méconnaissance totale de ce que doit être l'excellence en la matière. Arrêtons d'être les esclaves de modes si vaines ! Laissons les mousses et les gaz molécullaires aux édentés, aux ignares, aux snobinards et réhabilitons Chapel, Ali-Bab, Pic, Girardet, Legendre, Guérard et tant d'autres intemporels !
Ce qui me fait revenir au monde du vin, suite à la lecture du n° de Falstaff publié à l'occasion de Prowein où sont listés les "100 besten Weine der Welt". D'abord, le compliment : cette liste des 100 grands vins de la planète est vraiment internationale, quand bien même la majorité des crus sont originaires d'Europe, ce qui est logique. Il s'agit aussi bien de rouges que de blancs, de liquoreux que de "bulles". On peut toujours critiquer telle ou telle mention outelle absence. Mais dans le genre, plutôt une belle réussite, largement supérieure aux tentatives annuelles du Wine Spectator. Je vais voir si je peux obtenir l'autorisation de la reproduire sur ce blog. D'autant plus intéressant qu'à chaque mention, on y trouve le prix actuel.
Quel reproche à faire ? Simplement que devant un tel aréopage de styles totalement différents, il eût suffi de mettre à ces 100 vins la simple note de ***** (ou autre) sans établir un 1er (Romanée-Conti), un 17ème (Pingus) un 30ème (Côte Rôtie La Turque), un 100ème (pinot noir Gantenbein Graubünden - Suisse).
Je n'ai pas vérifié si cette liste était dispo sur un site, mais elle est vraiment intéressante… et appelle une question, déjà posée ici : à quand une nouvelle édition du très beau livre de Michel Bettane sur les meilleurs Vins du Monde ?
Quizz du jour : on me dit à quelle famille de vignerons appartient ce joli sourire ?