L'exposition présentée actuellement au centre de la Vieille Charité, à Marseille, consacrée à Hundertwasser, aurait pu reprendre à son compte le titre de l'excellent ouvrage de Georges Didi-Huberman L'homme qui marchait dans la couleur...
Cette dernière explose littéralement dans toutes les oeuvres de Friedensreich Hundertwasser, aime à se perdre dans d'innombrables spirales comme autant de méandres d'un fleuve.
Ici, Hundertwasser remplit "un tableau jusqu'à ce qu'il soit plein de magie, comme on remplit un verre avec de l'eau". Ailleurs, il fait surgir un portrait encadrant ces yeux obliques que l'on a vu courir énigmatiquement tout au long de ses oeuvres.
Mais si, délaissant les feux de cette lumière si vive, on rejoint les étages où dorment encore les idoles des contrées lointaines ; la tête demeure pleine de ces explosions végétales, de ces fusées récréatives, de ces regards ouverts sur des mondes.
Ici, pourtant, les paupières se sont déjà fermées et, seul, notre regard encore plus incompréhensif mesure la distance qui nous sépare de ces nouveaux mondes.
Les lieux qu'ont façonnés les spirales de Hundertwasser nous apparaissent plus familiers que ces mondes des morts lorsque les visages intériorisés des figures africaines laissent place aux yeux exorbités des crânes surmodelés de Papouasie, à la fois splendides et lugubres.
Expo Hundertwasser à la Vieille Charité... par LCM
Photo 1 : Hundertwasser, Le soleil lourd, 1954.
Photo 2 : Hundertwasser, Le scarabée du début, 1955.
Photo 3 : Hundertwasser, Si j'avais une négresse, je l'aimerais et la peindrais, 1961.
Photo 4 : Byery Fang, photo au MAAOA.
Photo 5 : Hundertwasser, 39 têtes, 1953.
Photo 6 : Crânes de Nouvelle-Guinée, collection H. Gastaud, photo au MAAOA.