Pendant que certains font la revue de détail de l'ex-futur gouvernement, et que d'autres concluent, la France a emprunté avec succès et à des taux en baisse, le 3 mai, sur les marchés financiers. Signe que les investisseurs ne semblent pas s’inquiéter du résultat de l’élection et d’une éventuelle victoire de François Hollande, favori des sondages.
L’État français a levé comme prévu dans la matinée du 3 mai 7,431 milliards d’euros lors d’un emprunt à moyen et long terme, selon l’Agence France Trésor (AFT), chargée de placer la dette française sur les marchés. Le Trésor a comme d’habitude rempli son objectif, qui était cette fois-ci d’emprunter entre 6,5 et 7,5 milliards. Les investisseurs se sont bousculés puisque leur demande a été entre deux et trois fois supérieure à l’offre du Trésor selon les échéances. Du coup, la France s’est financée dans de meilleures conditions que lors des adjudications comparables d’obligations assimilables au Trésor (OAT), puisque les taux d’emprunt ont reculé. Dans la foulée de l’emprunt du jour, vers 14 h 50, le taux à dix ans de la France reculait nettement, à 2,899 % (contre 2,959 % mercredi 2 mai à la clôture), soit au plus bas depuis mi-avril.
Cet emprunt était particulièrement surveillé parce qu’il s’agissait du principal appel au marché de la France entre les deux tours du scrutin présidentiel. Or ce scrutin a créé quelques incertitudes quant aux conséquences sur les conditions d’emprunt du pays d’une éventuelle victoire de François Hollande, le candidat socialiste donné gagnant par les sondages. “Les sondages pour le second tour ont peu bougé depuis la mi-mars. Seule une surprise pourrait avoir des conséquences sur le marché”, résume Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.
Nouvelle échéance le 17 mai.
La France garde, aux yeux des marchés, l’une des meilleures signatures en zone euro, certes encore loin de l’Allemagne, meilleur élève européen pour les investisseurs. Le spread, ou écart de taux, entre les deux pays atteint encore 1,27 point de pourcentage au profit de l’Allemagne. Le 3 mai, les marchés ont également financé l’Espagne comme elle le désirait, à hauteur de 2,5 milliards d’euros, mais à des taux en forte hausse, après la dégradation de la note du pays par Standard and Poor’s.
Autre preuve de la résistance de la France, le contrat à terme sur la dette française atteignait son plus haut niveau depuis son lancement le 16 avril, à 126,70, signe que les investisseurs misent sur la dette française. Ce contrat, proposé par le marché allemand Eurex, avait pourtant suscité des remous politiques, accusé de favoriser la spéculation. Quel que soit le nouveau président de la République, sa première échéance de taille sur les marchés se tiendra le 17 mai, jour au cours duquel le pays tentera de lever 12 milliards d’euros à moyen et long terme.