Après Wolfsmund et 7 Shakespeares, j’en termine pour les nouveautés de ce début de printemps avec Blood Lad, un young seinen qui arrive dans quelques jours chez Kurokawa et qui pourrait très bien être l’une des meilleures surprises de l’année. Voir LE nouveau titre d’action à suivre, entre shōnen et seinen.
Cette nouveauté est signée par Yûki Kodama, une mangaka (plutôt bon signe ces dernières années) qui est pour l’instant relativement inconnue chez nous, mais qui devrait rapidement se faire un nom grâce à un humour efficace et un coup de crayon détaillé, aux influences mixtes entre Gorillaz, Beelzebub et Yuyu Hakusho.
La série est publiée depuis 2009 dans le Young Ace (Neon Genesis Evangelion, Summer Wars) de l’éditeur Kadokawa Shoten et le premier tome sort dans l’hexagone le 10 mai prochain. Blood Lad compte désormais cinq tomes au Japon, au rythme de deux volumes publiés chaque année.
Passons maintenant au vif du sujet… Bonne lecture
Voici Staz, vampire, caid et otaku des enfers
Ce démon qui passe sa journée à glander à d’ailleurs un nom : Staz, vampire de rang supérieur et otaku fini. Donc quand sa bande l’appelle pour lui annoncer qu’une humaine vient de débarquer chez les démons et dans SON quartier, son sang ne fait qu’un tour et une seule idée lui vient en tête : qu’est-ce qu’il va bien pouvoir se mettre ?
Notre chef des démons va enfin rencontrer une vraie japonaise, un pur produit made in Japan… Son rêve devient enfin réalité ! Mais ce n’est que le début d’un long périple pour notre ami aux crocs pointus. La donzelle, qui se prénomme Fuyumi, trouble complètement notre jeune ami, qui a le plus grand mal à réfréner ses ardeurs démoniaques. Staz se fait une promesse : elle sera la première dont il boira le sang.
Cependant la chance n’est pas du coté des vampires. À peine Staz s’absente-t-il pour expédier ad patres un visiteur belliqueux que Fuyumi ne trouve rien de mieux que de se faire boulotter par une plante carnivore. La voilà devenue un fantôme… Et c‘est là que commencent les ennuis !
Boire du sang ? C’est sooo XIXème mec !
Blood Lad est la troisième œuvre de Yûki Kodama, après des débuts en 2008 dans le Comic Bunbun avec Tenkaouitsu!! Nobunaga Blade puis DIESIZE dans le Young Gangan. Il quitte finalement Square Enix et arrive en 2009 chez Kadokawa avec Blood Lad qu’il poursuit encore à l’heure actuelle. Elle a également entamé en 2010 une autre série en parallèle, Asoviva.
Cette mangaka est donc au début de sa carrière mais elle nous présente une œuvre parfaitement ficelée. Il est très difficile d’être novateur dans le domaine des vampires car les titres dans le genre sont légions (Blood Alone, BLOOD +, Hellsing, etc). Mais plutôt que de proposer des hommes mystérieux et séducteurs, Yûki Kodama prend le contre-pied dès les premières pages avec son personnage central : Staz, un chef de bande dans le monde des démons qui n’a rien d’un playboy ni d’un dangereux personnage. Il se présente sous les traits d’un adolescent nonchalant la plupart du tant mais brutal quand il s’agit d’assurer ses fonctions de chef de clan.
Si on ne le voyait pas sauter de plusieurs étages sans une égratignure ou écharper un démon et ses plantes carnivore à mains nues, on en oublierait presque que nous ne sommes pas sur terre et que les habitants des lieux sont de nature variable : fantôme, zombies, loups-garous et autres créatures de la nuit font partie du décor. Néanmoins, comme toute jeune personne qui se cherche, Staz a un peu de mal à se caler sur le modèle parental : boire le sang des humains et dominer les mondes des enfers et des humains… Merci, mais non merci.
Avec pragmatisme, l’auteur va même jusqu’à expliquer, par la bouche de son héros, que depuis que les humains ont la bombe atomique et tout leur arsenal d’armement moderne, une éventuelle bataille pourrait bien tourner au désavantage du coté obscur. Donc autant rester chez soi et passer une vie tranquille.
Histoire d’un mordu du Japon…
Blood Lad choisit donc le anti-héros et sa bande démoniaque. Pour y apporter une touche plus personnelle, Yûki Kodama a choisi de jouer sur l’humour : Staz a tout de l’otaku et sa passion pour tout ce qui touche au Japon devient le ressort comique principal de ce premier volume. Obsédé par son style vestimentaire quand il rencontre Fuyumi l’humaine, il s’isole aussitôt avec elle pour en savoir plus sur… Final Fantasy (entre autres). Une fois Fuyumi décédée et transformée en fantôme le stratagème qu’il propose pour la ramener est la vie est aussi désespérante que drôle (les fans de Dragon Ball adoreront l’hommage, mais je ne vous en dis pas plus !).
Les vampires sont donc des humains comme les autres ? Presque, et la mangaka se plait à mélanger les références, comme la ligne de vêtement Oniqlo par exemple. On saluera au passage l’auteur et le traducteur français pour le langage moderne utilisé par nos protagonistes, d’actualité et bien dosé… Sans tomber dans le « d’jeuns » ridicule. Un aspect qui contribue à la crédibilité des lycéens et aide à l’immersion.
Visions of hell…
Comme vous avez pu le constater je n’ai pas encore utilisé le mot original pour qualifier Blood Lad. Tout simplement parce que, foncièrement, ce manga ne l’est pas. Pris séparément tous les thèmes de ce titre ont déjà été traités : vampire, otaku, démon, des mauvais garçons flirtant avec le style furyo… On connait. Mais ce n’est pas parce que l’on a déjà mangé des dizaines de bons tournedos saignants que l’on refusera un de plus s’il est préparé avec talent (miam !).
Comme je le disais plus haut, malgré la jeune carrière de son auteure, voici une série diablement efficace. Le graphisme est d’un excellent niveau et possède déjà une certaine identité : les dessins sont détaillés et on y apprécie une bonne gestion des volumes, sauf si on excepte les attributs quasi laitiers de la gente féminine. On remarque d’ailleurs une nette différence entre l’originalité des protagonistes masculins, au chara-design plus varié et original que le sexe opposé. L’anatomie masculine est bien proportionnée, plutôt rugueuse et virile avec des visages plutôt anguleux chez les adultes. Staz est un bon compromis entre le vampire qu’on identifie par ses quenottes pointues et ses yeux aux cernes prononcés qui lui donne un petit air de zombie pas frais. Voici quelqu’un qui connait ses classiques et qui sait les revisiter. Efficace.
Du côté des femmes on nous ressort des formules plus faciles : cruche à gros seins, aventurière à gros seins ou intellectuelle à lunettes plate comme une limande. L’humour est encore là pour gommer ces différences et les demoiselles ont-elles aussi le dernier mot mais espérons qu’elles ne soient pas toutes réduites au fantasme.
Enfin les premiers combats de ce premier volume sont très encourageants, ils font preuve d’une bonne gestion du mouvement, d’une puissance palpable grâce à une densité graphique très appréciable. Ces scènes sont d’ailleurs parmi les plus détaillées, avec des arrières plans bien pensés. On espère que ces combats aux allures de bastons bien musclés seront plus longs dans les prochains volumes, au fur et à mesure des rencontres entre ennemis de même niveau.
Blood Lad nous présente un univers plutôt riche et une bonne dose d’humour. Les personnages sont crédibles et le héros a un très bon portentiel. Le tout est présenté de manière alléchante grâce à un graphisme maîtrisé et détaillé, et un chara-design masculin original. Voici un titre dans la lignée des derniers shônens d’action, dans une version un peu plus mature, qui possède tous les arguments nécessaire pour cartonner. On attend la suite et le tome 2 avec impatience, en août !
Auteurs : Yûki KODAMA
Date de parution : 10 mai 2012
Éditeurs fr/jp : Kurokawa / Kadokawa Shoten
Nombre de pages : 192 pages
Prix de vente : 7.65 €
Nombre de volumes fr / jp : 1 / 5 (en cours)
© 2010 Yuuki Kodama / KADOKAWA SHOTEN Co., Ltd.