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L’immigration au cœur du débat présidentiel
« La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». C’est Michel ROCARD, l’ancien premier ministre qui l’a dit le 18 Novembre 1989, devant des membres de la Cimade, association de défense des droits des étrangers. Il ne savait pas que son idée allait être aussi célèbre que les 35 heures de Madame AUBRY dans les débats politiques nationaux, notamment sur l’immigration. Et depuis, des gouvernements de gauche comme de droite se servent de ces propos pour durcir les conditions d’entrée et de séjour des étrangers sur le territoire. L’immigration est de toutes les campagnes électorales depuis 1974.Elle est capable de faire basculer l’électorat et les politiques en manque de projets de société l’ont bien compris : Il suffit qu’une personnalité quelconque à la pêche aux voix évoque «le bruit et l’odeur de cuisine des immigrés » ou de dire « la France aux français »pour voir ainsi sa côte grimper dans les sondages d’opinion. Dans le débat entre les deux tours, MM Hollande et Sarkozy sont presque d’accord sur l’essentiel : Limiter le flux migratoire (avec la crise, la France n’a pas déjà assez de job pour les français alors elle en a moins pour les étrangers). C’est du protectionnisme français à la Roosevelt et c’est normal. Les deux candidats nous ont par la suite embrouillé sur les chiffres des étrangers qui viennent chez nous chaque année et les centres de rétention administratifs où les autorités les retiennent avant leur expulsion. Je les attendais sur la régularisation (même si c’est au cas par cas) des sans papiers sur le sol français, ces 250.000 environ d’immigrés dits illégaux qui travaillent légalement et qui paient des cotisations sociales à l’URSSAF, ASSEDIC, Sécurité sociale, les impôts mais il n’en a rien été. Si certains sujets de la vie des français comme la santé, les handicaps, le pouvoir d’achat, la flambée des prix n’étaient pas au menu du débat, ce n’est pas l’Afrique, ce vieux démon qui colle à la peau de la France qui les intéressait. Les candidats ont cependant eu le temps de souligner que l’Afrique serait le prochain Afghanistan, une terre d’asile pour des nébuleuses terroristes : L’exemple du Mali.J’ai été aussi déçu qu’ils évitent les dessous de la Françafrique, le financement des campagnes présidentielles françaises par des dirigeants africains : Au cours de cette campagne, ces africains du Gabon, Tchad, Congo Brazzaville,Burkina Faso, Mali, sont restés discrets(le Robinet du liquide reste toujours ouvert sous la table) sauf Ouattara, ayant pris le train en marche, est venu faire son show à Paris avant que son ami ne parte… Dans son discours d’investiture des primaires socialistes, François Hollande a vivement critiqué le rapport « argent »entre les dirigeants français et africains. Il a parlé de l’argent de la misère, de l’argent de la corruption, de l’argent des commissions et rétro commissions, de l’argent détournés au plan d’aide au développement, de cet argent sale, sans odeur qui vient alimenter les comptes de personnalités et parties politiques en France. François Hollande m’a dit qu’il ne serait pas le président de cet argent-là.Je lui souhaite une bonne chance. Zako gnali