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Déréaliser et ressusciter

Publié le 04 mai 2012 par Lana

 Cela y est, cela revient, un Monde se met en place, je suis de nouveau rattrapé, il va falloir que je finisse enfin par payer.

Vite, il faut que je rentre chez moi pour m’isoler et lutter dans le noir pour que cela passe, pour que tout redevienne comme avant. Mais pour cela, j’ai la ville à traverser à vélo. Le Monde est le même, mais il se met à fonctionner différemment. Sur mon passage la ville se met en mouvement, des voitures démarrent en trombe et accélèrent. Où s’en vont tous ces gens ? Est-ce que je ne les envoie pas au casse-pipe ? J’avance en regardant vers le sol, car de ce Monde, je veux en voir le moins possible. En roulant je ressens plus fortement les creux et bosses de la chaussées, comme si les pneus de mon vélo étaient crevés alors qu’ils sont gonflés. En passant dans des lieux que je connais, je remarque des choses auxquelles je n’avais jamais prêté attention. Je n’en mène pas large, je sens qu’au moindre moindre faux-pas je pourrais être arrêté. Des personnes sont postées à certains endroits et semblent communiquer entre elles par signes. Est-ce qu’une souricière n’est pas en train de se mettre en place pour me coincer ? Cependant personne ne m’interpelle, on me laisse rouler. Je passe juste au moment où des gens commencent une action alors que plus loin certains en finissent une autre. Je suis peut-être un intrus, je ne devrais pas être là. Est-ce que j’entraîne le Monde à sa perte ? Tout ce que je perçois, tout le monde le perçoit, ce ne sont pas des hallucinations mais c’est peut-être UNE hallucination totale : tout le monde est englobé dans le phénomène. Jusqu’où cela peut-il aller ? Faut-il que je me livre ? Vais-je subir un châtiment ? Ma famille va-t-elle être inquiétée ? Sur mon passage des gens s’interpellent vivement. Attend-t-on de me cueillir comme un fruit mûr qui va tomber de sa branche ? Par endroits des coups se font entendre. Je roule prudemment en respectant les règles de circulation, je ne veux commettre aucune infraction. Et puis finalement, j’arrive chez moi. Je rentre : on se désole, on se lamente de me voir dans cet état. On cherche une cause, peut-être une faute. Comme on reprocherait à quelqu’un qui se noie de se baigner sans l’aider. On ne me rassure pas, on ne me réconforte pas. Il suffirait pourtant de me dire en souriant : ” N’aie pas peur, tout va bien, il ne se passe rien d’anormal, tu n’as rien fait de mal, cela va passer “. Pour les autres, tout a l’air logique. Je ne prends personne à témoin de ce qui se passe : on ne sait jamais, en y regardant de plus près on pourrait m’approuver et trouver effectivement que la situation est très grave par ma faute. Je me réfugie dans ma chambre, je ferme les volets, je veux le noir et le silence les plus complets possibles. Je m’allonge sur mon lit où je me tortille en essayant de trouver la bonne position. Je lutte dans la souffrance et la détresse. Les yeux fermés, j’essaie de comprendre tout ce que j’entends. La rue semble agitée, la rumeur monte, va-t-on venir me chercher ? Faut-il que je me sacrifie ? Est-ce la fin du Monde (ou la fin d’un Monde) ? L’heure du Jugement dernier est-elle arrivée, avec moi comme seul coupable ? J’essaie de suivre l’heure en regardant de temps en temps ma montre, c’est tout ce qui me raccroche à la réalité habituelle. Je me dis que cela va passer comme d’habitude, et en même temps j’ai peur que justement cette fois-ci cela ne passe pas. C’est un véritable supplice. L’enfer cela doit être cela. Je voudrais être mort sans mourir. J’anticipe l’amélioration. Mais plus j’anticipe et plus ça continue. Et puis finalement ça y est, c’est fini ! Je me lève, j’ouvre les volets, je suis soulagé, tout va bien, mais personne ne se réjouit avec moi. Quel bonheur la réalité ordinaire ! Les gens peuvent pas savoir. Tout cela c’est la conséquence d’un épisode initial mal pris en charge et mal liquidé, il y a plus de trente ans.
Comme si depuis j’étais poursuivi pour avoir voulu contrôler l’Humanité tout entière sans donner ma vie pour les autres.
Mais tout cela ce n’est que dans ma tête. Je sais que les psychiatres peuvent qualifier, entre autres, cette expérience de ” syndrome d’influence ” avec grosse culpabilisation. Mais je n’y peux rien, c’est mon vécu. Je ne prétends pas agir sur le Monde, je sais que c’est impossible. Comme après chaque épisode similaire, je n’ai absolument aucun troubles résiduels pendant des semaines, des mois, parfois des années. Tout va très bien, je prends un comprimé le matin et deux le soir sans que cela ne me renvoie à ma maladie, au contraire cela me sécurise et je ne suis pas ” ensuqué “, j’ai l’esprit clair. Quand on surmonte de telles souffrances, on ne peut être que plus fort et très serein. Il ne faut jamais désespérer. Vive la vie ! Marc.
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