Depuis que je vote, toutes les élections « difficiles pour la droite » ont été précédées d'une période de prédictions apocalyptiques solides et constantes.
Faute d'un programme plus substantiel que de se remplir les poches à tout prix, la droite n'a jamais joué à autre chose qu'à « Moi ou le chaos ». Avec des bonheurs divers.
En 81, les Chirac-Pasqua-Pandraud nous promettaient l'arrivée imminente des chars russes sur les Champs Elysées. Les socialo-communistes étaient à nos portes, les bolcheviks avec leurs couteaux entre les dents allaient venir jusque dans nos campagnes..... Les Mercedes faisaient la queue à la frontière suisse avec des valises pleines de billets et mon patron de l’époque bloquait sine-die tout investissement dans l'entreprise.
En 88, il fallait « redresser » une France qui ne penchait pourtant que du bon côté, la preuve, elle en a repris pour sept ans. En 95, Jospin rate la difficile succession de Tonton dans un contexte d'usure du pouvoir, mais surtout devant une campagne de paranoïa sécuritaire sans précédent. Un malheureux vieillard, bousculé par un rôdeur dans sa maison a les honneurs de tous les journaux télévisés de Jean Pierre Pernaut. Ce n'est plus le bolchevik, mais la racaille, que la gauche n'aurait pas maîtrisée, et qui emportera l'élection.
En 2002, on nous promet à nouveau les dix plaies d'Egypte, la faillite du pays et une invasion venue de la Méditerranée. Peine perdue : un accident de pilotage politique et un mauvais plan de vol de campagne réinstallent confortablement Chirac dans son fauteuil pour cinq ans de sieste.
En 2007, souvenez-vous, même exaspération : Karcherisator n'a pas fini son grand nettoyage des banlieues, nos frontières sont des passoires, il ne faut pas laisser l'insécurité au Front National, la faillite menace déjà... Ajoutons à cela que la gauche divisée se rassemble mal derrière sa candidate, et patatrac : cinq ans d'essai gratuit du leader minimo.Aujourd'hui, le contexte a un peu changé, une crise est venue providentiellement servir d'alibi à notre mauvaise politique sociale mais les remèdes, eux, n'ont pas changé : austérité, travailler plus, privatiser, déglinguer le code du travail, rien de bien reluisant à promettre.
Alors, faute de pouvoir briller de sa propre lumière, la droite essaie à nouveau d'éteindre celle des autres.
Hollande n'aurait pas de « stature présidentielle ». Alors qu'un agité qui « textote » dans les réunions officielles, parle français comme au bistrot du coin, ne termine pas ses phrases, rabâche des slogans, raffole de babioles coûteuses, se conduit en chef de parti, prétend maîtriser le pouvoir de la justice et de la presse, oppose toutes les catégories de Français les unes aux autres au lieu de les rassembler, veut représenter la France sans boire de vin et affiche sa vie privée en couverture des magazines aurait, lui, une « stature présidentielle » ?
Seulement voilà : le bilan de la situation d'aujourd'hui, c'est le sien. La seule promesse que la droite est capable de nous faire, c'est la perspective de faillite si la gauche venait au pouvoir. Comme elle ne tient jamais ses promesses et est toujours démentie par les faits, c'est plutôt engageant : je signe tout de suite !
Et comme dans ce pays, la droite s'est toujours crue « légitimement » détentrice du pouvoir et a toujours considéré les socialistes comme des imposteurs, maintenant qu'elle est à peu près certaine de perdre son hochet, elle oublie ses leçons de république. Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
Hier à Toulon, au meeting de Sarkozy, Ruth Elkrief, au micro de BFM TV a été prise à partie par des militants hargneux et n'a du son salut qu'au service d'ordre venu la sortir de ce mauvais pas. Les militants prennent les mauvaises habitudes de leur chef dans la maîtrise des médias.
Lorsque la gauche va passer, la droite va se déchaîner en horreur et en amertume mal vécue. Ce qui est à tout prendre préférable aux explosions populaires à répétition prévisibles si d'aventure, le petit chose était reconduit.
Sarkozy a abîmé ce pays, déchiré son tissus social, travaillé contre l'intégration et l'unité républicaine. En faisant la différence entre les « vrais travailleurs » et les « faux » ?? , en traitant les chômeurs « d'assistés » alors qu'il consacre plus d'argent à secourir les banques que les laissés-pour-compte, en stigmatisant les Musulmans de France, en ne rejetant pas les Vanneste et les Boutin, ni même les propos de Fillon qui déclare que « les couples homoparentaux attentent à la sécurité des enfants » ! , ce président laisse le tissu social du pays en loques.
Il faudra toute la foi et la confiance d'une gauche enfin réunifiée dans ses idéaux d'égalité républicaine, de société réconciliée, de diversité bien comprise, de démocratie apaisée et de laïcité bien expliquée pour réparer ce pays meurtri, ce pays humilié, mais ce pays bientôt libéré.