Bref retour sur ce qui s’est passé en Avril comme faits allant à l’encontre de la liberté d’expression entre volonté politique, incompétence des concernés et "initiative" de la société civile.
Rappel : Janvier – Février - Mars
9 Avril : La Troïka use de la matraque
La fête des martyrs s’est transformé en une épreuve de force et un abus de pouvoir des hommes du Ministère de l’Intérieur. Comme deux jours auparavant pour une manifestation des chômeurs, celle du 9 Avril a aussi été dispersée à coups de lacrymogène, bastons et insultes. Les journalistes étrangers y ont aussi trouvés leur compte.
La raison ? Cette fameuse décision d’interdire toute manifestation à l’avenue Habib Bourguiba prise par Ali Larayedh, une décision au vue de la justice légale mais incompréhensible au vu de la situation particulière du pays et des arguments avancées par le ministre de l’intérieur.
S’en est suivi tout une semaine de folklore au sein de l’Assemblée Constituante et une ridicule histoire de Cocktails Molotov.
11 avril – Mauvais timing pour le boycotte ?
Suite à l’agression subie par les représentants des médias, il a été décidé auprès du syndicat de boycotter les travaux du ministre de l’intérieur pendant une semaine (je ne sais plus s’ils ont tenu parole ou pas) et la non diffusion de l’intervention de Ali Larayedh à l’Assemblée Constituante. La politique de la chaise vide ne donne pas forcément de bons résultats..
15 avril – Le journal de 20h ne se mouille pas
A Radès Cité Mileha, il y a eu une manifestation suite aux résultats d’un concours et du grabuge de la part de délinquants en manque d’adrénaline. Et comme d’habitude, la police ne s’est pas fait priée pour tabasser tout ce beau monde.
Le journal de 20h de la TTN décide de ne pas approfondir le sujet et de pondre un résumé de moins d’une minute. Heureusement que Radio Kelima était là pour nous fournir un reportage objectif ( pour les uns) et une version des faits (pour les autres).
16 avril - Injustice ou coup de pub ?
Le journal électronique Espace Manager s’est retrouvé devant la brigade économique et financière suite à la publication d’un article. L’interrogatoire a eu lieu le lendemain mais on ne connait toujours pas les tenants et les aboutissants de cette histoire.
16 Avril – Un Larayedh en cache un autre - S01E01
Mais là c’est pour une affaire de privatisation des médias et non pour une question de répression. Ameur Larayedh a en effet menacé sur le plateau de la télévision nationale de céder les médias publics au capital privé.
18 avril – Rached Ghannouchi rajoute une couche - S01E02
Deux jours après, c’est la publication sur un quotidien qatari de la déclaration de Rached Ghannouchi qui vient confirmer les propos de Ameur Larayedh. Il considère que des mesures radicales doivent être appliquées dans le domaine de l’information, poussant le bouchon de la bêtise encore plus loin en déclarant "pourquoi les régimes démocratiques maintiendraient-ils des médias officiels ?"
L’INRIC s’est chargé de répondre à ses bêtises via un communiqué de presse daté du 23 avril dont voici un extrait :
« - Toutes les expériences auxquelles l’INRIC a eu accès en matière de réforme de l’information attestent que les pays démocratiques préservent et renforcent leurs médias publics et surtout leurs médias audiovisuels. C’est le cas, notamment, de l’Afrique du Sud, des Etats-Unis d’Amérique, des pays de l’Union Européenne et de l’Australie.
- Aucun de ces pays ne dispose de « médias officiels ». Bien au contraire, ils sont tous passés de l’information gouvernementale vers des médias de service public qui contribuent, grâce à leur indépendance et leur neutralité à l’égard de tous les centres de pouvoir, à développer la conscience du citoyen quant à l’importance de la démocratie et du pluralisme dans la garantie d’un avenir meilleur pour leurs peuples.
- Les pays qui ont vécu la même expérience de transition démocratique que la Tunisie, à l’instar du Portugal, de l’Espagne, de la Pologne, de la Tchéquie et de l’Indonésie, n’ont pas cédé leurs médias audiovisuels publics au capital privé, malgré leur rendement discutable, le manque de compétence de leurs professionnels, et les critiques virulentes qu’ils adressaient à leurs gouvernants pendant les premières années de la transition. Les dirigeants de ces pays n’avaient pas hésité, comme c’est malheureusement le cas actuellement en Tunisie, à promulguer les législations nécessaires à l’organisation du secteur de la communication audiovisuelle, conformément aux critères et aux standards internationaux en matière de liberté d’expression. »
Mais le mal a déjà été fait. Les fidèles serviteurs du Cheikh se sont empressés d’appliquer la volonté « divine » devant le bâtiment de la télévision nationale ..
18 avril – Media, bis repetita
Cette fois ci, c’est à Bardo lieu de l’Assemblée Constituante où la manifestation a pris place pendant quelques heures pour demander le départ du directeur de la télévision. Le forcing se fait de plus en plus grand, en toute impunité.
19 Avril – Reprise du procès de Nessma TV
Important dispositif de sécurité pour cette troisième audience d’un procès qui ne devait pas avoir lieu et qui partage entre les partisans pour une liberté d’expression et les contre tout atteinte au sacré religieux. Un des avocats de la partie civile a même jugé que Nabil Karoui est passible de la peine de mort.
Il doit être déçu par le jugement rendu le 03 Mai: Amende pour Nabil Karoui de 2400 DT, et pour Nadia Jalel et Hedi Bougnim de 1200 DT. L’accusation retenue est la « perturbation de l’ordre public et l’atteinte aux bonnes mœurs », alors que celle concernant « l’atteinte aux valeurs de la religion » n’a pas été retenue pour des raisons procédurales.
21 avril – On fête la "Saint Dilou" - S01E03
Quelques jours après, le porte parole du gouvernement a nié (comme d’habitude) la volonté de cette dernière de privatiser les médias publics. Ghanouchi qui met le feu au poudre avec deux ou trois autres acolytes et/ou ministres, Dilou qui vient éteindre le feu : stratégie de diversion appliquée à maintes reprises depuis des mois déjà.
23 avril – « A vendre » S01E04
L’écrito qui a précipité la fin de ce rassemblement de près de deux mois, rendu légal par le procure de la république pour son caractère pacifique. Insultes, agression et intimidation entre les deux camps. Le même procure demande l’arrêt immédiat de ce regroupement, se rétracte ensuite pour leur donner 48h puis 24h, pour enfin lever le sit-in après négociation avec .. Enahdha et ses sit-ineurs !
24 avril – Habib Belaïd « dégagé »
C’est à travers son chauffeur que Habib Belaïd a appris son remplacement à la tête de établissement de la radio nationale par Mohamed El Mouaddeb, un technicien et non un journaliste. Personne du gouvernement n’a cru devoir me prévenir à l’avance, ne fut-ce que par un coup de fil.
La nomination officielle datait du 17 avril alors que le décret portant la nomination a été publié sur le Journal officiel de la république tunisienne (Jort) le 20 avril. En protestation à cette décision, des directeurs ont démissionné de leurs postes. Par principe ou pour anticiper un éventuel coup du pute de Jebali ?
26 avril – Petits meurtres entre amis ..
Désigné par Jebali pour chapeauter la ligne éditoriale du journal de 20h, Said Khezami a surpris plus d’un à travers cette déclaration où il confirmait que le parti Enahdha veut utiliser la TTN pour commencer d’or et déjà sa campagne présidentielle..