4 mai Une vie de chat 2/3 - Nouvelles de demain Planqué sous le canapé, j'attends la bouffe. Gontrand est déçu, il voulait que je joue à la baballe, une espèce de machin en caoutchouc hérissé de picots, mon propriétaire précédent le malaxait pour se détendre. Dix-huit heures, encore une plombe à garder les moutons. De temps à autre mon maître passe la main sous le convertible, alors je le griffe. Il veut jouer, non ? Non. Alors il râle, shoote dans mon bol d'eau, il est colérique, et râle de plus belle, il vient de le casser. C'est con un humain. Et puis il regarde la télé, jusqu'à dix-neuf, un jeu débile avec des chiffres des lettres une chanson à retrouver des balles perdues et une présentatrice mono neurone mais avec de gros seins à peine voilés à une heure de grande écoute… J'attends la phrase magique : - Titi, à table ! A quoi bon me baptiser Tao, si c'est pour m'appeler Titi ? Titi la caisse ! Titi à table ! Titi la baballe ! Parce qu'ils sont crétins les humains doivent penser qu'on est pareils… J'attends la nuit. La nuit les chats voient. Paraît-il… Quelle billevesée, pensais-je en m'encadrant les pieds du Voltaire, le fauteuil préféré de Gontrand, un cuir patiné à la limite du craquèlement, mais pas craquelé. Je monte dessus, m'acharne dessus pisse dessus, ça sent pas aussi fort que les matous, mais tout de même, et mes griffes se mettent en branle. Et vas-y que je t'éventre que je te mordille la paille, que je jouis. La révolte est en moi. J'espère qu'après ça il me foutra dehors. A suivre... demain !
© Black-out