PARIS, FRANCE. A trois jours du second tour, et alors que la grande majorité des candidats du premier – Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Jacques Cheminade et désormais François Bayrou – ont apporté leur soutien à François Hollande, la pression monte sur le camp Sarkozy pour que le candidat sortant, à son tour, se joigne au rassemblement en cours.
L’attitude de Nicolas Sarkozy à l’égard de François Hollande reste en effet la dernière inconnue, météo mise à part, du scrutin du 6 mai. Outre les soutiens mentionnés, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud, Marine Le Pen ont également clarifié leurs intentions, entre vote blanc et absence de consigne de vote.
« Le fairplay et les us et coutumes républicains voudraient que Nicolas Sarkozy, comme François Bayrou, dévoile rapidement sa consigne de vote à propos de la candidature Hollande », analyse Jürgen Xiaoping, professeur émérite de sondologie comparée à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes Supérieures. « Il ne peut tout simplement pas laisser ses partisans dans le doute et l’hésitation », deux sentiments qui vont forcément prendre « une intensité croissante » à mesure qu’ils assistent « aux appels à voter Hollande en série », en provenance ce jour d’intellectuels, de médecins, de gens de culture, de Lilian Thuram ou même d’André Manoukian.
« Le débat de mercredi soir devait précisément permettre de faire un état des lieux », explique un proche du président sortant. « Force est de constater que nous avons encore un certain nombre de points de différence, de confusion, qui demandent à être clarifiés », par exemple « au sujet des étrangers » dont François Hollande « refuse d’admettre qu’ils sont tous musulmans, au moins d’apparence ».
Mais le refus, pour le moment, de Nicolas Sarkozy d’appeler ses électeurs du premier tour à voter Hollande pourrait avoir une autre raison, plus tactique et politique. « Le président sortant a lui aussi entamé un rassemblement progressiste au lendemain du premier tour », nous confie un membre de la direction nationale de l’UMP. « Le journal Minute, Carl Lang, Bruno Gollnisch, ont ainsi appelé à voter Nicolas Sarkozy au nom de l’humanisme dont il est le défenseur, et il est compliqué pour lui de les abandonner en rase campagne, en soutenant maintenant Hollande ».
« Si nous parvenons à convaincre ces authentiques démocrates de voter eux aussi pour le candidat socialiste, malgré la légèreté de ce dernier sur les droits de l’homme, sujet capital pour eux, alors Nicolas Sarkozy pourra sans problème envoyer un message clair à ses électeurs », nous assure notre interlocuteur, tout en s’inquiétant : « le temps est compté d’ici vendredi soir ».
Un suspense digne d’un roman d’espionnage, qui va sans doute rythmer jusqu’au bout cette fin de campagne.
Romain Pigenel, pour l’Agence de Presse Variae