Cette étude menée par une équipe de l'Institut de cancérologie Gustave Roussy (IGR) de Villejuif sur 4 stratégies thérapeutiques de traitement par l'iode 131 après chirurgie complète de la thyroïde pour les patients atteints de cancers de la thyroïde à faible risque, montre qu'un des traitements est mieux toléré, avec une moindre dose d'irradiation pour l'organisme. Ces résultats publiés dans l'édition du 3 mai du New England Journal of Medicine précisent les meilleures modalités de traitement.
Le Pr Martin Schlumberger, chef du service de médecine nucléaire à l'Institut de cancérologie Gustave Roussy (IGR) de Villejuif et ses collègues de 24 centres français, ont mené leur étude clinique chez 752 patients atteints de cancer de la thyroïde à faible risque, pour définir les meilleures modalités de traitement par l'iode 131 (iode radioactif) après chirurgie complète de la thyroïde parmi 4 stratégies évaluées, dont le traitement standard.
Jusqu'à présent, le traitement standard après chirurgie complète était un sevrage prolongé en hormone thyroïdienne qui induisait une hypothyroïdie avec ses effets secondaires incommodants, ou des injections de TSH recombinante humaine pendant le traitement par hormone thyroïdienne, puis l'administration de 100 millicuries d'iode 131.
Dans cette étude prospective et randomisée, les 752 patients ont été traités selon une des 4 modalités suivantes :
-le standard : sevrage en hormone thyroïdienne, puis 100 millicuries d'iode 131 ;
-sevrage en hormone thyroïdienne, puis 30 millicuries d'iode 131 ;
-traitement par hormone thyroïdienne, injections de TSH humaine recombinante puis 100 millicuries d'iode 131 ;
-traitement par hormone thyroïdienne, injections de TSH humaine recombinante puis 30 millicuries d'iode 131.
Cette étude montre que l'efficacité de ces 2 activités d'iode 131 d'une part, et de TSH humaine recombinante ou du sevrage d'autre part, est équivalente chez les patients atteints de cancer de la thyroïde à faible risque, avec des taux de succès (destruction de tout tissu thyroïdien restant après chirurgie) de plus de 90%.
Après l'ablation chirurgicale de la thyroïde, la nouvelle modalité thérapeutique consiste à administrer l'hormone thyroïdienne (la thyroxine) pour compenser l'absence de thyroïde, puis en une injection intra-musculaire de TSH humaine recombinante deux jours de suite, puis l'administration de 30 millicuries d'iode 131 le lendemain de cette deuxième injection. Son efficacité est équivalente à celle du traitement utilisé jusqu'à présent, mais elle évite l'hypothyroïdie et est associée à une diminution importante de l'irradiation de l'organisme par l'iode 131.
Une prochaine étude doit être conduite dans le cadre d'un Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) pour déterminer les indications du traitement par l'iode 131 chez les patients à faible risque.
Sources: Communiqué IGR et N Engl J Med 366;18 May 3, 2012 Strategies of Radioiodine Ablation in Patients with Low-Risk Thyroid Cancer