Tous les commentaires des éditorialistes n'y changeront rien. De guerre de mouvement l'affrontement Sarkozy-Hollande a tourné à une guerre de tranchées qui a renforcé les partisans mais lassé un peu plus une majorité d'électeurs saturée par une campagne qui semble interminable.
La nervosité de Nicolas Sarkozy était connue, elle a été relativement maîtrisée. Le président sortant a surtout démontré que seul contre beaucoup, sujet à un rejet massif et donné battu par tous les sondages il conserve une remarquable pugnacité. De son côté François Hollande confirme sa lente métamorphose d'apparatchik socialiste en homme d'Etat, solide, rassembleur et fin connaisseur des dossiers.
Il serait pourtant illusoire de penser que sur le plateau tv se trouvait un magicien, un sauveur qui demain permettra à notre pays de passer entre les gouttes d'une crise qui frappe le vieux continent. C'est bien de la capacité du futur Chef de l'Etat à s'entourer d'hommes de qualité, à tendre la main aux forces vives de la nation, à résister aux corporatismes et intérêts particuliers que viendra le salut. Il lui faudra également faire preuve de rondeur, de détermination, de probité et de valeurs. A cette seule grille d'analyse François Hollande se détache nettement.
La disparition de Georges Pompidou en avril 1974 a eu pour incidence de recaler notre calendrier politique sur le mois de mai, période de l'année qui depuis Charlemagne et les champs de mai jusqu'aux Etats Généraux a toujours été celle où notre peuple s'est choisi un chef. Mais la désignation ou l'élection n'est pas une fin en soi. Le 7 mai au soir constituera l'ouverture d'une séquence politique particulièrement délicate au regard de la conjoncture économique. "C’est maintenant que les ennuis commencent" devait déclarer Léon Blum en 1936. La formule n'a pas pris une ride. Le vainqueur de dimanche soir l'aura assurément à l'esprit.
Crédit photo : Benjamin Géminel
Le débat Hollande - Sarkozy en moins de 3 minutes par LeNouvelObservateur