Paso Doble n°295 : Ponce Pilate vs Pinnochio

A las cinco de la manana…

Ouf ! Le débat est terminé et chaque camp rentre chez lui en criant victoire. La Gauche respire car Hollande a pu vider son sac et dire en face de Sarkozy tout ce qu’une grande partie de l’électorat lui reproche. La Droite reste optimiste car Sarkozy a su lâcher quelques scuds qui feront date et pu défendre son bilan.

Mon verdict ? Match nul.

Pour résumer, on pourrait dire que le débat s’est déroulé à l’inverse de ce que l’on attendait. Sur la forme, ce fut agressif et viril : « calomnie », « mensonge », « vous êtes toujours content », « Ponce Pilate »…

Le plus présidentiel aura été François Hollande, pas Nicolas Sarkozy. Grave, serein, équilibré, François Hollande n’a ni mimé Coluche, ni plagié Miterrand. Il a été lui-même et a été un contradicteur pugnace, pas du tout le flamby annoncé. Le plus dynamique et le plus normal me paraît être, par opposition, Nicolas Sarkozy. Mobile, direct, modeste, on aura retrouvé un Sarkozy challenger par rapport à un Hollande « présidentiel« . Parfois, on avait l’impression que Sarkozy était celui qui prônait l’alternance.

François Hollande a été bon là où on ne l’attendait pas. Il a été bon sur le style et le réquisitoire. Il a été bon sur le nucléaire. Il a été convaincant sur son projet éducatif, et même sur son contrat de génération. A l’inverse, il n’a pas su convaincre sur le vote des étrangers, où en allant chercher Sarkozy sur les amalgames avec l’Islam, il s’est fait proprement remettre en place par la rhétorique subtile de son adversaire : le magistère anti-FN a totalement échoué. Il a également été très mauvais sur le financement de son programme, en annonçant en plein milieu du débat la création de postes de gendarmes, en plus des 60 000 professeurs, sans annoncer comment il les financerait.

Nicolas Sarkozy a triomphé sur les passages les plus difficiles pour lui : l’endettement, le chômage, la présidence « partisane », l’exemple allemand. A l’inverse, je l’ai trouvé peu à son avantage sur l’Europe (le point fort de son bilan !), l’Afghanistan, et même DSK (malgré une saillie qui fera date « Ponce Pilate ! »).

Au final, en apparence, Hollande a gagné le match car contrairement aux pronostics, il ne s’est pas fait écrabouiller par le « candidat sortant ». Mais électoralement, c’est Sarkozy qui va le plus récolter de ce débat car pour rafler les voix centristes et  frontistes, il lui fallait être convainquant sur la maîtrise des déficits et sur le contrôle des flux migratoires. A l’inverse, ce soir Hollande a perdu les voix des écologistes, qui savent à quoi s’en tenir sur les centrales nucléaires.

Bref, ce fut le débat le plus passionnant d’un entre-deux-tours depuis des lustres, loin de celui de 1995, par exemple. Le résultat de Dimanche risque d’être le plus serré de l’Histoire de la Vème République. Comme je suis quelqu’un de stable, je continue à faire le même pronostic électoral : Sarkozy, d’une courte tête.

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