Amusons-Nous Avec Les Courbes Sondagières Du Président-Candidat

Publié le 02 mai 2012 par Sagephilippe @philippesage

Nul n’est censé ignorer l’adage, la récurrente rouspétance, ce refrain éculé de présumées vierges effarouchées : « Les sondages se trompent (toujours) ! »
Mais chacun aura noté que cette accusation provient, invariablement, du camp des vaincus, de ceusses qui l’ont dans le baba. Jamais vous n’entendrez celui des vainqueurs, d’un soir, vilipender les coquins de l’IFOP ou de l’IPSOS.
Nonobstant, il est assez croustillant, pour le moins, de constater que c’est celui qui n’aura eu cesse, durant une partie de son mandat, d’avoir recours à ces instituts pour, dit-on, prendre le pouls du peuple, qui se trouve être le premier à venir, séance tenante, les décrier et les dénigrer.
Soit cet homme est inconséquent, incompétent et incohérent, ne serait-ce qu'en juger par le volume des sommes dépensées ! (En effet, n’est-ce pas, là, de l’argent public foutu en l’air, carrément dilapidé, si ces instituts sont, comme il le prétend désormais, si peu fiables).
Soit cet homme – disons-le tout net, et sans autre forme de procès – est un fumiste avéré.
A titre personnel, je pencherais pour la deuxième option.
Toujours est-il qu’ils ont beau geindre, les uns et autres cocus, il n’en reste pas moins qu’ils ont tort. Et pour une raison simple, limpide, indubitable : les sondages, messires, ne peuvent se tromper, car ils ne sont qu’une photo, celle d’un instant donné, précis. Ni plus, ni moins. Ils ne prédisent pas. Ils évaluent. Des rapports de force(s), ô combien, mouvants. Ils ne sont donc que la possible vérité d’un moment. Si ça n’était pas le cas, alors, vous ne feriez pas, et quotidiennement, appel à leurs services.
CQFD.
Cependant, s’ils ne sont pas prédictifs, ils peuvent nous alerter sur une tendance. Et, plus elle dure dans le temps, plus elle est signifiante.
Ainsi quand un président, puis un président-candidat se trouve être, depuis deux ans, balayé quel que soit l’adversaire qui lui est opposé (DSK, puis Aubry, puis Hollande) et qu’à l’approche de l’échéance, cette tendance ne faiblit pas, alors, il n’est pas insensé de penser que, pour lui, les carottes sont cuites. Quand bien même croirait-il, ou voudrait-il nous faire croire, que non, tout est encore possible. Mais peut-être confond-il l’élection présidentielle avec une rencontre sportive, où là, effectivement, jamais aucun sondage ne vous donnera la moindre indication sur son éventuelle issue.
Quoi qu’il en soit, la tendance est bel et bien lourde. Et, tout comme en 2007, rien, ni personne, n’aura pu l’infléchir. Or nous sommes, désormais, à quelques heures du verdict. C’est dire s’il est bien tard…
Mais qu’à cela ne tienne ! Sans oublier cette tendance qui s’étire depuis deux ans déjà, voyons avec acuité, où en sont les courbes sondagières, à travers deux exemples criants.
En premier lieu, cette courbe de l’institut IPSOS :


Bonne nouvelle pour notre président-candidat, il est en progression ! Et son rival, fort logiquement (puisqu’ils ne sont plus que deux), en régression. Si cette dynamique se confirme, à un moment donné, youpi ! les courbes vont se croiser !
Mais quand ?

Eh bien, pour le savoir, il suffit de se munir d’un double-décimètre, et de prolonger avec application, les courbes respectives de M. Hollande et de M. Sarkozy.
Notez bien le point où elles se rejoignent et descendez ensuite jusqu’à l’abscisse afin d’estimer la date du croisement.
Si vous respectez scrupuleusement l’échelle de ce magnifique croquis, alors, vous obtiendrez comme résultat le 23 mai. Ou en tirant au max, le 22.
Le problème, voyez-vous, c’est que l’élection a lieu le 6. Et comme il m’étonnerait qu’on la reculât au 22 ou au 23, j’en suis fort marri pour notre président-candidat, mais cette progression inespérée arrive trop tard.
Bref, c’est mort.
Gardons cependant espoir avec une deuxième courbe, celle de l’institut Harris.


Un simple coup d’œil, même furtif, suffit à doucher cet hypocrite espoir que, durant une nano-seconde, nous nourrîmes. Car en effet, là, pas besoin d’un double-décimètre, chacun sachant que deux droites parallèles, jamais, ne se rejoignent ; si ce n’est, paraît-il, à l’infini. Sauf que l’infini, c’est très (très) (très) (très) loin. Et que l’élection, c’est demain.
Damned ! Encore raté ! Cette fois, c’est bien cuit. Pour ne pas dire : cramé.
Alors certes, il n’y a pas QUE ces deux instituts. Mais comme les courbes des six autres sont équivalentes à ces deux-là (Harris = TNS-Sofres ; IPSOS = BVA, CSA, IFOP, LH2 et OpinionWay), inutile d’en remplir l’écran, étant donné que nous obtiendrions, peu ou prou, les mêmes résultats.
Ceci étant, attention ! Gaffe ! Ouh-là ! Ce n’est point parce que les tendances sont là, écrasantes, qu’il faudrait en oublier, dimanche 6 mai, d’aller voter. Surtout pas ! C’est bien là, d’ailleurs, ce qu’espère Nicolas Sarkozy ! Tant il sait que c’est sa dernière chance d’être réélu : que vous n’alliez pas voter pensant que c’est gagné !
Ne faites pas ça, malheureux ! Il convient, et plus que jamais, de rester groupés ! Farouchement mobilisés !
Car, voyez-vous, s’il existe un « vrai travail », c’est bien celui-ci : aller dimanche, en masse, dans l’isoloir, voter CONTRE Sarkozy.
Puis, heureux et fier d’avoir fait son devoir, rentrer chez soi, et attendre, avec jouissance, de prendre connaissance de l’ampleur de sa défaite.
Alors, se servir un verre, doucement penser : « Enfin ! », et ne pouvoir s’empêcher d’ajouter :
« Bon débarras ! ».