EXTRAIT :
« Je ne sais pas comment, mais je sus.
Je sus, sans avoir encore regardé les chiffres, que c’était moi.
Une chance sur soixante-seize millions, et ça tombait sur moi. Je lus l’encadré dans la Voix du Nord. Tout y était. Le 6, le 7, le 24, le 30 et le 32. Les étoiles numéro 4 et 5.
Un bulletin validé à Arras, place des Héros. Une mise à deux euros. Un système flash.
18 547 301 euros et 28 centimes.
Alors je fis un malaise. «
AVIS:
Posons tout de suite les bases : « La liste de mes envies » est le best-seller de la rentrée 2012.
En quelques jours, et essentiellement grâce à l’émission « Télématin » avec le « pape » William Leymergie, le roman s’est imposé sur les tables de tout les libraires de France.
A la base, il s’agit d’une histoire simple : Jocelyne, une petite bonne femme du Nord de la France, issue de la classe moyenne, gagne plus de 18 millions d’euros au loto.
Le parti pris du roman : s’interroger sur la vie d’un gagnant, les joies, les tristesses et l’envers du décor.
Lorsque l’on devient un lecteur aguerri, il est très facile de mépriser un genre de littérature « simple et grand public ». C’est le danger qui guette à la lecture de « La liste de mes envies » : le mépriser. Et cette grossière erreur ne peut malheureusement venir que du dit lecteur, prenant ce roman de Grégoire Delacourt pour ce qu’il n’est pas : un livre avec de hautes ambitions.
Ne nous méprenons pas, à travers ce roman et l’introspection quasi-quotidienne du personnage de Jocelyne, une véritable interrogation sur notre société apparaît. Simpliste, schématique et légère certes, mais qui a le mérite de parler au plus grand nombre.
Difficile ici de voir se dessiner de grandes aventures, destins ou réflexions qui rapprocherait « La liste de mes envies » des « particules élémentaires » de Michel Houellebecq. Mais, ce n’est certainement pas le but de Grégoire Delacourt.
Dans ce roman, il dépeint des personnages fades, certes, mais réels. Ce sont des hommes et femmes que l’on pourrait croiser dans une rue ou dans un magasin, des gens « normaux ». C’est probablement cela, qui fait de « La liste de mes envies », un succès.
En utilisant un style simple et efficace, Grégoire Delacourt fait passer les près de 200 pages du roman à une vitesse folle. Les mots glissent et les chapitres se suivent sans se ressembler. Au demeurant, l’auteur nous livre ici un roman très bien écrit et accessible. C’est peut être ça, qui donne matière aux critiques : cette facilité d’accès.
Très vite, la morale de l’histoire apparaît, et au bout de seulement une cinquantaine de pages, la suite des aventures de Jocelyne semble certaine. Il fallait s’y attendre, dans une France en crise, dans un monde où le capitalisme, et donc l’argent est haï, difficile de dresser le portrait d’une millionnaire heureuse et épanoui.
C’est le principal défaut de ce roman : nous ressortir de derrière les fagots le vieux dicton de « L’argent ne fait pas le bonheur ». Facile, peut être trop facile ?
On aurait préféré être surpris par le déroulement de l’histoire, envier sa richesse et non s’apitoyer sur son sort. Tout cela n’est pas sans rappeler la trilogie de Katherine Pancol, tout de même plus ambitieux par la durée de l’histoire.
« La liste de mes envies » est un roman dans l’air du temps, c’est surement une des principales raisons de son succès.
On ne ressort peut être pas grandi de cette lecture, mais du moins apaisé, et gardant un bon souvenir. Le dit souvenir serra peut être bref, et il est peu envisageable que quiconque considère ce roman comme un des grands ouvrages ayant marqué sa vie. Mai, admettons qu’il est difficile de demander cela à chaque roman.
En attendant, offrez ce livre sans hésiter à votre mère, elle l’adorera comme elle a adoré Delphine de Vigan.