Municipales 2/2

Publié le 16 mars 2008 par Karedig @Karedig_GA


 
I. Victoire de la gauche
Les résultats des municipales sont clairement une victoire de la gauche (et il semble que le résultat des cantonales soit encore bien plus marquant). Les consignes de communication de l'UMP pour minimiser la défaite ont été, au premier tour, de marteler que cette élection était locale, toute locale, rien que locale, ce qui n'est bien sûr que la moitié de la vérité. Pour le second tour les consignes du Château étaient de parler de rééquilibrage et de monter en épingle le faible taux de participation...
II. Déséquilibre
Concernant l'équilibre droite/gauche et son évolution à scrutin comparable, il faudra attendre la liste des résultats définitifs. Mais parler de "rééquilibrage" n'a de sens que dans un scrutin globalement mitigé où le vote des électeurs ne dégage pas un sens national affirmé tout en revenant sur quelques situations locales. Dans le cas actuel d'un déplacement important et national des majorités municipales et cantonales vers un camp, la notion de rééquilibrage est un cache-sexe, le désaveu est patent.
III. Le silence bavard
L'autre classique des commentaires sur les plateaux de télévision consiste à faire parler ceux qui n'ont rien dit. On peut certes déduire que les abstentionnistes n'étaient pas motivés. On peut aussi, à partir du constat que ceux-ci étaient surtout à droite, subodorer une forme de lassitude par rapport à leur propre camp. Mais les faire parler pour dire - comme certains - qu'ils souhaitent que les réformes de la majorité aillent plus loin et plus vite, c'est un exercice divinatoire très très osé.
IV. Bayrou n'a pas de Pau
La stratégie du MoDem - en tant qu'appareil - se termine en eau de boudin. Les alliances de premier tour ont tenu leurs promesses tandis que la géométrie variable du second tour semble avoir déboussolé l'électorat. Les alliances conclues pour le deuxième tour n'ont pas été déterminantes (voir Marseille et Toulouse dans deux stratégies différentes), les maintiens en triangulaires n'ont servi à rien (sauf peut-être à avoir sauvé de justesse Tibéri à Paris). Concernant la défaite personnelle de François Bayrou à Pau, l'argument de la manœuvre UMP dans le cadre d'une triangulaire ne convainc que partiellement ; d'abord à cause de la personnalité du maire sortant (ex-PS investit par l'UMP) qui ne permet pas de savoir vers qui se serait retourné son électorat, ensuite parce que d'autres se sont sortis de triangulaires difficiles.
V. Gueules de bois
Curieusement le résultat de ces municipales va se traduire par un règlement de comptes général. Au FN, la chute de la maison Le Pen et la situation désastreuse du mouvement d'extrême-droite (cuisant échec de Marine Le Pen et aucun élu aux cantonales) va relancer la querelle de légitimité. A droite l'interprétation de l'ampleur du "contexte national" va sans doute donner lieu à quelques grincements de dents ; mais c'est surtout la conduite de l'UMP et son orientation (passer d'un parti présidentiel à un parti de conquête électorale) qui donnera lieu à des passes d'armes. Le rôle de Devedjian est déjà remis en cause. L'élimination sévère de Françoise de Panafieu et la présence de nombreuses candidatures dissidentes à Paris nécessitent une recomposition de l'UMP locale dont on voit mal qui aurait la légitimité suffisante pour la conduire (sauf parachutage). Au PS le jeu est à nouveau ouvert pour le leadership, les nombreuses victoires ayant remis en selle beaucoup de personnalités. Si Ségolène Royal garde un capital de sympathie au sein du parti, la montée en puissance de plusieurs quadras, auréolés de leur victoire municipale, affaiblit sa position. Son appel à l'ouverture au MoDem "partout" n' a été ni suivie, ni convaincante électoralement. Les Verts ont loupé leur solo parisien tandis que Dominique Voynet a réussi à prendre la mairie de Montreuil à l'apparenté PC Jean-Pierre Brard. Cela ne changera guère la foire d'empoigne que constitue traditionnellement le Conseil national inter-régional des Verts...