Que retiendra l'Histoire du mandat de Nicolas Sarkozy ? Un président vibrionnant, un réformateur en demi-teinte qui n'aura pas pris le temps d'achever les chantiers engagés ou un homme politique qui aura dirigé la France au doigt mouillé, selon le sens du vent de l'opinion, à l'aide de très nombreux sondages ? Bien qu'il soit difficile à chaud d'établir un bilan, le rapprochement avec les thèses du FN restera comme un des éléments les plus marquants.
Quelle trajectoire parcourue en seulement cinq ans ! La lente dérive ne doit pas nous faire oublier une vérité plus brutale. Sur l'échiquier politique, Nicolas Sarkozy a changé de case pour se poser dans celle d'une extrême-droite relookée. "Mme Le Pen n'est pas son père" a confié ce week-end à Minute Gérard Longuet.
La messe est dite. Après avoir été déclarée "compatible avec la république" par Nicolas Sarkozy lui-même, la dirigeante du Front National voit son brevet d'honorabilité validé. L'agression dont a été victime au Trocadéro Marine Turchi une journaliste de Mediapart par une poignée de militants n'a rien d'anecdotique. Elle témoigne de la porosité entre l'UMP et le FN et d'une violence contagieuse qui n'est plus désormais uniquement verbale. Hier apanage de l'extrême-droite, la haine des journalistes est largement partagée par la base militante de la majorité, soigneusement entretenue par les dirigeants de l'UMP eux-mêmes.
Exit Guaino, même si celui-ci persiste à écrire dans les discours du président que la gauche a trahit Jaurès, bonjour Buisson. L'homme de l'ombre et des sondages a gagné. 264 sondages pour un montant de 6,35 millions d’euros commandés par la présidence de la République pour la seule période juin 2007-juillet 2009. Qu'en est-il dans cette campagne électorale ? Diriger un pays au sondage est assurément une des formes les plus évoluées de populisme. Elle ne peut pourtant qu'amener dans le mur comme une voiture conduite en marche arrière uniquement à l'aide du rétroviseur. Loin surtout de tenter d'élever le pays, Nicolas Sarkozy est aujourd'hui coupable de jouer l'abaissement permanent en opposant, en divisant les Français entre eux quand les enjeux du monde imposerait une unité sans faille.
Plus que de gauche, forcément partiale c'est de droite, par la voix de François Bayrou qu'est venue une mise en garde sévère : "Cette course ventre à terre derrière les thèses du Front national est humiliante. Elle est de surcroît vouée à l'échec parce que la France est un pays construit autour de principes qui ne se laisseront pas entacher","Aborder la question de l'immigration en validant la thèse du Front national et en prétendant que les déséquilibres des comptes sociaux étaient dus aux immigrés, c'est un reniement d'un demi-siècle de politique sociale en France. C'est un reniement du gaullisme aussi bien que des démocrates-chrétiens et humanistes", a dénoncé le 25 avril dernier le dirigeant du Modem.
Au-delà des apparences, le 6 mai constitue bien à cet égard un 21 avril à l'envers avec un Nicolas Sarkozy devenu le porte-parole de Marine Le Pen.
Crédit photo : London Summit