OCELLEE…
Des mécaniques de sable obstruaient la rue
orientant le silence dans le sens
du vent
Là se plante une rosace de magnétisme
un rayonnement qui écartèle la vie.
Dans tout dédale attend un monstre – forcément,
un cyclope au seul œil claustrophobe et fermé
Cependant, la musculature des tuyaux
emmêle ses boas dans une lutte à mort.
J’étais montée dans un bus et les rues toussaient
les vitrines circulaient – il n’y a rien à voir !
Sans la moindre idée de ma destination je me concentrais sur leur vide noir revêche leur regard éteint, mort.
Le sang se figeait dans les veines de mes mains, où il se faisait plus froid que glaçon charrié par un cours d’eau à l’époque de la fonte des neiges.
Cela me ramena vers d’autres souvenirs : ma vie, en ce qu’elle était monticule de strates, strates de livres en guise de blonds sédiments.
Strates. Sédiments lourds des livres et de la vie. Tours limoneuses de livres qui s’empilaient.
A leur base, oubliée là, la vie d’un silence.
La pression d’un silence écrasé d’oubli.
Le Petit Poucet semait des petits cailloux.
Nous, nous semons partout, aussi : des émotions.
De toutes petites émotions qui tombent de nos poches…qui se perdent avec un bruit percutant, mat, sec.
Nous les perdons, elles nous perdent ; c’est ainsi.
Gaspillage de nos oublis, de nos mémoires.
Le rêve étale sa queue de paon aux yeux pers.
Mais non…ça n’est rien que notre peau…ocellée.
Patricia Laranco