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Bouquins

Publié le 02 mai 2012 par Toulouseweb
BouquinsA propos de doctrine des Forces aériennes françaises.
** Libye. Le général Jean Fleury, ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air (puis président d’Aéroports de Paris) nous livre un nouvel opus de grand intérêt : «Crise libyenne : la nouvelle donne géopolitique», publié chez Jean Picollec. Un modeste 200 pages mais un texte très dense, d’autant plus instructif qu’il ne s’appuie en aucun cas sur un quelconque «sensé connu». Tout au contraire, l’auteur cherche à exposer en termes simples et didactiques une réalité géopolitique qui n’est pas précisément simple, une nouvelle donne que seules de bonnes références historiques permettent de bien comprendre.
L’histoire de la Libye fut mouvementée, jusqu’à l’indépendance en 1952 et le début de l’exploitation de gisements pétroliers en 1959. Son mode de fonctionnement tribal, au moins en partie, a survécu aux événements et a entretenu des réseaux de solidarité ou d’influence. Est survenu le Printemps arabe, l’opinion publique internationale a été secouée par le comportement de Kadhafi, a été rassurée par la réaction ferme de la France et du Royaume-Uni et, après des développements difficiles, le vote de la fameuse résolution 1973 de l’ONU. Puis sont survenues l’opération Harmattan, la prise en charge des opérations par l’OTAN et, ce qui constitue tout l’intérêt de l’analyse de Jean Fleury, l’heure des leçons qu’il convient d’en tirer.
L’essentiel tient en peu de mots : «la crise libyenne a permis à notre armée de l’Air de démontrer sa réactivité et par là sa capacité à entrer en premier dans la guerre». Et de rappeler que la première frappe a eu lieu moins de 38 heures après la décision de se tenir prêt à un engagement. Commentaire qui permet au passage de cerner la personnalité de l’auteur : «le sentiment d’appartenir à un corps d’élite et la fierté de l’uniforme, en un mot l’esprit de corps, permettent de mobiliser toutes les énergies».
L’opération Harmattan a été un exemple d’efficacité et a aussi montré le faible coût en personnel à déployer quand l’aviation est utilisée à grande distance du territoire national. Par ailleurs, le Rafale a fait la démonstration de ses qualités opérationnelles en même temps que celle de la justesse des choix de l’armée de l’Air et de la Marine. «Enfin, les choix techniques faits par nos industriels ont rendu notre machine plus performante que celle de nos alliés». Dans un autre registre, l’Union européenne et OTAN ne sont pas épargnées, avec un rappel des propos critiques tenus en juin 2011 par l’amiral Païtard et ceux, à la même époque, de Robert Gates, secrétaire d’Etat américain à la Défense, venu faire ses adieux à ses collègues européens alors qu’il quittait ses fonctions. Il n’a pas hésité, rappelle Jean Fleury, à faire part de son pessimisme face à la démobilisation de l’Europe. Sans parler, mais, cela, c’est l’auteur qui le dit, de l’absence de stratégie militaire européenne commune.
** Doctrine. C’est une excellente occasion de rappeler la publication par la Documentation française d’un fort ouvrage de 400 pages du Centre d’études stratégiques aérospatiales, le très respecté CESA, intitulé «La Doctrine des forces aériennes françaises 1912-1976». La direction de cet excellent instrument de travail et de réflexion a été assurée par Jérôme de Lespinois. Il est accessible de la première à la dernière page, didactique à souhait et constitue une solide référence.
** Encore l’Aéropostale. Jack Mary publie chez Privat «La Compagnie générale Aéropostale, les autres lignes». A savoir les destinations en Algérie, Paraguay, Patagonie, Bolivie et Venezuela, rarement évoquées, négligées pour cause d’hégémonie éditoriale de la «ligne Mermoz» qui, chez les auteurs, a fait oublier à peu près tous les autres faits d’armes et autres exploits.
Systématiquement, les lignes dites Latécoère sont injustement ramenées à «La Ligne». Pourtant, souligne Jack Marty, l’Aéropostale arriva en Algérie dès 1922, ensuite dans d’autres pays, tandis que furent entreprises des études en vue de desservir les colonies, c’est-à-dire l’Afrique occidentale française. L’Histoire a évidemment retenu le rôle joué par Pierre-Georges Latécoère mais tend singulièrement à négliger celui de Marcel Bouilloux-Lafont, l’artisan de l’expansion, plus tard au centre d’une malheureuse polémique. Heureusement, toujours chez Privat, Guillemette de Bure, petite-fille de «MBL» a fait œuvre utile, il y a quelques années, en publiant «Les Secrets de l’Aéropostale». Jack Marty, pour sa part, vient tout simplement de combler une lacune.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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