Lors de la manifestation organisée, pour le 1er mai, par l'UMP au Trocadéro, Nicolas Sarkozy revendique l'héritage de "ceux qui luttent pour le droit de grève et la liberté syndicale", il refuse d'opposer "patrons et salariés", "travail et patrimoine". Proposons donc une mesure simple et concrète qui permette d'appliquer ces belles idées : faisons entrer des salariés dans les conseils d'administration des entreprises.
Rappelons que, en France, les représentants du personnel ne sont pas membres des conseils d'administration des entreprises. Cette mesure n'offre que des avantages pour les deux candidats à notre élection présidentielle. Elle permet au président "candidat sortant" de mettre en pratique, d'une manière concrète et symboliquement forte, ses belles idées. Elle lui permet aussi de s'harmoniser avec le modèle allemand qu'il vante souvent.
En Allemagne, en effet, les travailleurs sont représentés au conseil de surveillance des entreprises de plus de 500 salariés. La part de ces représentants varie entre un tiers et la moitiée. Ils participent aux votes, pour nommer la direction, évaluer les performances et contribuer à l'élaboration de la stratégie de l'entreprise.
Cette mesure pourrait être aussi adoptée par le "candidat entrant" socialiste. En décidant de cette réforme, symboliquement forte, et qui ne coûte rien, en début de son mandant, François Hollande mettrait la représentation syndicale et le dialogue social au coeur de son action politique.
Même si elle était mise en place à minima (par exemple sans droit de vote, dans un premier temps), cette mesure aurait des effets immédiats sur la vie des entreprises : elle permettrait aux salariés de s'exprimer et d'être entendu sur les choix de l'entreprise. Elle mettrait fin à "l'entre soi" des patrons. En France, on cantonne les représentants syndicaux aux questions d'hygiène et de sécurité. On va découvrir alors qu'ils peuvent avoir de bonnes idées sur les stratégies et le management. C'est d'ailleurs cette particuliarité qui explique, en grande partie, la plus grande efficacité des entreprises allemandes : elles tiennent compte de l'avis des principales personnes concernées par l'avenir de l'établissement: ses salariés.
Bien entendu, en France, cette proposition ne sera pas mise en place : les gens de gauche vont considérer que les représentants des salariés seraient alors des traîtres envers les autres salariés. Et les gens de droite vont nous dire que les représentants syndicaux sont des irresponsables.
Faisons un rêve : et si les Français étaient assez raisonnables et réfléchis pour accepter cette coexistence au sein des entreprises?