- Casterman - Sakka -
Ce manga grand format est l'adaptation d'un roman policier japonais de Ranpo Edogawa, lui-même admirateur de l'oeuvre d'Edgar Poe au point que son nom d'auteur en est une transcription phonétique.
Ce n'est pas tant la dimension policière qui saisit mais la tension fantasmagorique sur laquelle plane une ombre gothique et un goût de mort. Cette vision d'un l'esprit tourmenté est " fabuleuse ", cette aspiration à la création jusqu'à la profanation. Dès la première partie qui présente la mise en place du récit par le pourquoi et comment de l'usurpation d'identité et de la création de cette île panorama, malgré le réalisme, le trouble s'installe, la sensation d'étrangeté et de malaise s'insinue, déjà entre sensualité et morbidité.
En seconde partie, la visite de cette île relève de l'hallucination, d'un fantasme bien plus qu'érotique, une extravagance à ce point luxuriante qu'elle en est dérangeante, une débauche, oui. Un ensorcellement, la perversité d'une beauté obsédante et effrayante.
Le trait de Suehiro Maruo peut paraître classique. Pourtant, ce graphisme minutieux et fouillé - qui ne souffre pas de l'absence de couleur, au contraire - rend d'autant plus présent à la fois le contexte japonais que celui de cet univers d'illusions, de transgressions, entre rêve et cauchemar, " la folie de ce carnaval exceptionnel " ( R.Edogawa )
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