Benedicite, omnia opera
Domini, Domino.
Je bénis le Matin qui réveille la Terre,
Et chasse de la nuit troublante le mystère.
Le blond matin nimbé de vapeurs, de rayons,
Qui passe, frémissant, au-dessus des sillons.
Je bénis ses zéphyrs, je bénis ses rosées,
Et la sérénité des plaines reposées.
Je bénis la clarté, le soleil ; je bénis
L’Avril qui fait éclore et les fleurs et les nids.
Je bénis les sommets des collines bleuâtres
Que bercent les refrains chevrotants de nos pâtres ;
Les paisibles troupeaux épandus par les champs,
Et les oiseaux du ciel, et leurs vols, et leurs chants.
Je bénis la forêt puissante qui m’ombrage,
Et ses buissons qui nous caressent au passage ;
Les rumeurs, les parfums ; et je bénis encor
Les papillons nacrés et les abeilles d’or ;
Les ruisselets chantant sur le velours des mousses ;
Les bourgeons entr’ouverts déjà, les jeunes pousses
De l’entourante haie, et les claires maisons
Où, sur les berceaux blancs, voltigent des chansons.
Je bénis, pour leur lait tiède, les bonnes vaches,
Et vous, dont les bras forts savent les rudes tâches,
Laboureurs, paysans, bergers, nos frères tous !
Car si vous haletez tout le jour, c’est pour nous !
Je bénis le clocher bien-aimé de l’église
Qui sonne, à l’Angélus matinal, l’heure exquise
Où, pour mieux célébrer le nouveau jour donné,
Tout s’anime, tout luit, tout fleurit, tout renaît.
Et Toi, le Créateur de la Nature immense,
Toi que, mieux que ma voix, adore mon silence,
Toi qui règnes sur les espaces infinis,
Je te bénis, je te bénis, je te bénis ! !
Charlotte CHEVRÉ (Née en 1882).
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