« Je cherche un sens à notre lien, un tissu rare, déchiré au centre.
Irrécupérable. Une quête dérisoire. »
Alice et Cécile. Cécile et Alice. L'amitié érodée par la vie.
En si peu de pages, tout est dit. L'écriture est fine, fluide, ciselée. Elle entre sans frapper, ouvre une faille, dissèque. Elle résonne, blesse, presse. Épurée et essentielle.
Kéthévane Davrichewy démontre que l'amitié est aussi puissante et ravageuse que l'amour. Des petites touches élégantes et douces amères. Tenter de survivre à sa famille, le poids des secrets, les conséquences des non-dits, la déroute des sentiments. Et au milieu, le lecteur, parfois perdu, souvent ébloui, jamais ennuyé.
Un seul bémol : la fin. Abrupte, elle m'a dérangée par son cliché. Je ne l'ai pas comprise. Et vous ?
Sabine Wespieser, 181 pages, 2012
Extrait
« Le plus difficile était la solitude. Elles avaient été deux. Les pensées d'Alice se heurtaient désormais à l'écho. Peut-être le miroir grossissant, le reflet rassurant mais déformé qu'elles se tendaient l'une à l'autre, était-il nuisible ? Qui a besoin de se voir de si près ? Leurs images réfléchies devenaient obscènes, elles avaient tenté en vain de se ressembler puis elles avaient aspiré à la différence, à l'indépendance. Leur amitié ne s'en était pas remise. »